Les biotoxines marines sont des phycotoxines, substances toxiques produites par certaines espèces de micro-algues (phytoplancton toxinogène tel que Dinophysis sp.). Certains coquillages qui filtrent l’eau de mer pour se nourrir du phytoplancton peuvent accumuler ces substances toxiques. Il s’agit notamment des moules, des huîtres, des coques, des palourdes et des pectinidés (coquilles St Jacques, pétoncles…).
Les biotoxines marines peuvent être à l’origine de diverses intoxications aiguës provoquant des symptômes dont la gravité dépend de la nature de la toxine, de la dose ingérée et de la sensibilité du consommateur. Ces symptômes sont le plus souvent réversibles.
3 grands types de toxines peuvent se retrouver dans les mollusques bivalves :

  • toxines lipophiles et DSP (Diarrheic shellfish poison) :
    ensemble des toxines ayant un effet digestif essentiellement diarrhéique qui peut amener à une confusion avec des infections virales ou bactériennes.
  • toxines paralysantes ou PSP :
    les symptômes sont essentiellement à dominance nerveuse de type paresthésies. Dans la plupart des cas, le rétablissement est total en quelques jours mais les cas les plus graves peuvent entraîner la mort des suites d’une paralysie respiratoire.
  • toxines amnésiantes ou ASP :
    après des signes classiques d’intoxication alimentaire (vomissements, crampes abdominales, diarrhée, …) les patients présentent environ 2 jours plus tard des troubles neurologiques (trouble de la mémoire, confusion, coma, …). La récupération se fait en 1 à 4 jours. On a rarement déploré des morts suite à de graves convulsions.
  • autres toxines : brévétoxines, azaspiracides, spirolides, gymnodinium et ciguatoxines. Les symptômes des intoxications sont à dominance digestive ou neurologique.

L’Homme s’intoxique en consommant des coquillages contaminés. Les effets des toxines DSP apparaissent dans un délai de 2 à 18h après ingestion. Les principaux symptômes sont gastro-intestinaux : diarrhée, nausée, vomissements, douleurs abdominales et frissons. Des troubles secondaires comme les céphalées, les vertiges, la fièvre et une tachycardie sont aussi observés à l’occasion. Il n’y a pas de transmission interhumaine.

Conduite à tenir

Les personnes qui auraient consommé des coquillages suspects et qui présenteraient ces symptômes doivent consulter leur médecin traitant ou un centre antipoison en leur signalant cette consommation.

Prévention : ne pas consommer de coquillages issus d’une zone contaminée. Les toxines lipophiles sont thermostables, c’est à dire qu’elles ne sont pas détruites par la chaleur. Ainsi, la cuisson des coquillages contaminés ne diminue pas leur toxicité et n’empêche pas la survenue d’une intoxication chez le consommateur.

Surveillance des zones de production

En France, la surveillance des biotoxines marines dans le milieu est basée sur l’observation et le dénombrement par l’Ifremer des algues productrices de toxines ainsi que sur la recherche des toxines directement dans les coquillages.
Des seuils d’alerte sont définis pour chaque groupe principal d’espèces de phytoplancton toxique et des seuils de toxicité dans les coquillages sont fixés pour chaque type de toxine. Le dépassement des seuils déclenche des mesures de gestion sanitaire : information des professionnels conchylicoles, des consommateurs, procédures de fermeture des zones de production de coquillages, mesures de retrait du marché.

Le résultat des contrôles permet d’établir un classement sanitaire des zones de production de coquillages publié par l’office international de l’eau (OIEau).

En Polynésie, la recherche de biotoxines marines peut être entreprise sur les coquillages à la suite des cas d’intoxication déclarés par les médecins, lorsque le lot de coquillage peut être identifié et prélevé.
Les victimes d’intoxication sont invitées à conserver l’étiquette ou une photo de l’étiquetage permettant d’identifier le lot de coquillages et leur provenance et la transmettre au CHSP ou au BVS. Lorsque c’est possible, les restes des coquillages incriminés doivent être conservés afin d’être prélevés pour analyse.

 


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