L’anisakidose (ou anisakiase) est une maladie consécutive à la consommation de poisson cru (sushi, sashimi, tartare, …) dont la chair est infestée par un parasite, l’anisakis, un nématode (ver rond) cosmopolite (répartition mondiale et hôtes parasités d’espèces très diversifiées). On la dénomme également « maladie du ver du hareng, du ver de morue, du ver de baleine ».

Au Japon, l’anisakidose cause plus de 2 500 malades par an. En Europe, les pays les plus touchés sont l’Espagne, la Scandinavie (foies de cabillaud), les Pays – Bas (roll mops, harengs conservés ou Maatjes) et le Royaume Uni où l’incidence serait de 20 cas par pays et par an. Aux USA, elle serait de 10 cas par an. (1)

En Polynésie, aucune enquête sérieuse n’a été réalisée mais des larves de ce parasite ont été observés chez plusieurs espèces de poissons récifaux et des vers adultes ont été retrouvés dans les entrailles de dauphins (hôte final de ces vers). Certains médecins ont soupçonné cette pathologie chez certains de leurs patients mais aucune confirmation diagnostic n’est recensée à ce jour.(2)

Rapportée à la population polynésienne, l’incidence des Pays-Bas donnerait 1 cas tous les 3 ans et celle du Japon donnerait 6 cas par an. Cette rareté explique peut-être que l’anisakidose n’ait encore jamais été identifiée au Fenua.

Précautions

Bien que la maladie ne soit pas connue en Polynésie, des mesures simples suffisent à se préserver des risques d’infestation : la congélation du poisson à -20°C pendant  au moins 24 heures détruit ces parasites. La cuisson (ou l’ébullition) est également le moyen le plus efficace contre toutes les formes de parasitoses ; le chauffage à plus de 55°C tue les larves en moins d’une minute. L’éviscération rapide du poisson après sa capture puis sa réfrigération évitent également la migration de larves de la cavité abdominale vers la chair du poisson. De plus, le parasite est repérable lors de sa préparation car visible à l’oeil nu. (3)

Maladie (1)

Il s’agit d’une impasse parasitaire provoquée chez l’homme par l’ingestion de poisson cru parasité par les larves d’un nématode de mammifères marins, Anisakis spp. Elle est observée sous forme de cas isolés. Parmi les préparations culinaires favorisant la contamination , citons les sushis , la boutargue (préparation à base d’œufs de poisson), les rollmops (harengs marinés dans du vin blanc ou du vinaigre), les harengs saur (poisson fumé), le poisson à la tahitienne ou le ceviche (poisson cuit dans du citron). En France, diverses enquêtes sur les poissons commerciaux les plus souvent consommés ont noté de fort taux d’infestation : anchois (80%), maquereaux (30%), merlans (70%), merlus (90%). L’Homme a plus de risques de contracter l’anisakiase en consommant des poissons sauvages que 10 des poissons élevés dans des fermes aquacoles, parce que le broyage des granulés servant de nourriture aux poissons d’élevage tue les parasites. Une étude faite en 2003 n’a trouvé aucun parasite chez les saumons d’élevage, contrairement aux saumons sauvages chez lesquels les parasites ont été fréquemment retrouvés.

Epidémiologie

Les œufs d’Anisakis spp. éliminés non embryonnés dans la mer avec les selles des poissons ou des céphalopodes, deviennent des larves qui contaminent des crustacés, eux-mêmes absorbés par des poissons ou des céphalopodes. Le genre Anisakis spp. présente une grande biodiversité et chaque espèce d’hôte final abrite sa propre espèce d’Anisakis spp., biochimiquement et génétiquement identifiable, à reproduction endogame. Le cycle parasitaire s’achève quand un poisson infecté est mangé par son hôte définitif qui est un mammifère marin, soit des cétacés comme une baleine ou un dauphin soit des pinnipèdes comme le phoque ou encore des oiseaux de mer. Le nématode s’enkyste dans l’intestin, se nourrit, grandit, s’accouple et les œufs sortent dans l’eau de mer grâce dans les fèces de l’hôte.

Comme le tube digestif d’un mammifère marin est fonctionnellement très semblable à celui d’un être humain, Anisakis spp . est capable d’infecter les personnes qui mangent le poisson cru ou insuffisamment cuit (morue, hareng, lieu noir, etc.) crus ou faiblement fumés. Les larves pénètrent dans la paroi du tube digestif et s’y enkystent, réalisant un granulome éosinophile. Les larves sont en impasse parasitaire. Dans le stade qui infecte le poisson, Anisakis a une forme enroulée caractéristique évoquant un ressort de montre. Déroulé il atteint 2 cm. Dans l’hôte final, il est plus long, plus épais et plus robuste.

Clinique

A près le repas contaminant (une seule larve suffit à provoquer la maladie), l’expression clinique est aiguë lorsque la larve pénètre la paroi gastrique. Après une phase d’invasion émaillée de manifestations allergiques, cutanées ou articulaires, un syndrome douloureux épigastrique aigu survient avec vomissements, diarrhée et une atteinte de l’état général. L’endoscopie digestive haute montre de fins filaments blancs fichés dans une surélévation de la muqueuse gastrique. Des manifestations digestives à type de douleurs et de syndromes sub-occlusifs entraînent une intervention chirurgicale et le diagnostic est porté sur la pièce opératoire (granulome éosinophile). Un tableau aigu, occlusif ou appendiculaire, conduit à une intervention en urgence.

Diagnostic

Il s’agit d’une impasse parasitaire et le diagnostic est indirect basé sur :

  • l’interrogatoire à la recherche de consommation de poissons,
  • l’hyperéosinophilie variable (de 10 à 50%),
  • l’examen anatomopathologique des biopsies ou des tumeurs prélevées qui met en évidence un granulome à corps étranger fait de cellules géantes et d’éosinophiles cernant la larve ou ses reliquats,
  • le diagnostic immunologique utilise des extraits larvaires d’Anisakis spp. (ELISA, Western blot). Des réactions croisées avec les autres parasitoses à vers ronds sont fréquemment observées.

Traitement

En impasse parasitaire , les larves ne peuvent survivre chez l’homme et meurent. Le traitement est donc dans la grande majorité des cas purement symptomatique. La seule indication de traitement est l’occlusion intestinale par les larves d’Anisakis, pouvant nécessiter la chirurgie, bien qu’il y ait des observations dans lesquelles le traitement par l’albendazole est parvenu à éviter la chirurgie (Pacios et al, 2005). Un autre traitement efficace est l’exérèse endoscopique de la larve à la pince (formes gastro – duodénales, coliques ou iléales basses) ou la chirurgie. Le traitement médicamenteux n’est pas codifié. Les benzimidazoles (albendazole, flubendazole, mébendazole) et l’ivermectine sont actifs sur les larves fixées à la paroi du tube digestif. L’ albendazole (ZENTEL®) à la posologie de 10 mg/kg/j pendant 5 à 7 jours a donné de bons résultats.


Sources bibliographiques