Les huiles minérales (MOH) sont des mélanges complexes issus du pétrole brut constitués d’hydrocarbures saturés d’huile minérale (MOSH) et d’hydrocarbures aromatiques d’huile minérale (MOAH). De par leur présence dans les encres ou les adhésifs des emballages alimentaires en papier et carton, ces huiles minérales peuvent migrer vers les aliments. Certains MOAH présentent un caractère génotoxique et mutagène et peuvent induire une toxicité chronique des denrées alimentaires qu’ils contaminent issus de la migration par migration à partir des matériaux au contact des denrées alimentaires.

Exposition aux MOSH & MOAH

La problématique des huiles minérales au contact des denrées alimentaires est apparue suite aux travaux du laboratoire cantonal de Zürich (Suisse) qui a mis en évidence la présence de certaines catégories d’huiles minérales dans les denrées alimentaires sèches conditionnées dans des emballages en papier et carton.

En outre, dans un avis de 2012, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a considéré l’exposition aux MOSH comme préoccupante et l’exposition aux MOAH comme particulièrement préoccupante. L’EFSA soulignait la nécessité d’établir de nouvelles valeurs toxicologiques de référence pour ces catégories spécifiques d’hydrocarbures d’huile minérale.

Avis scientifiques

L’ANSES recommande, dans son avis de 2017, de valider une méthode analytique spécifique et robuste permettant de déterminer la composition des mélanges d’huiles minérales. L’agence française estime qu’une meilleure connaissance de la composition des mélanges est un prérequis avant de pouvoir proposer des recommandations d’ordre toxicologique, et recommande notamment la réalisation d’études de toxicité supplémentaires menées sur des mélanges représentatifs de MOSH auxquels le consommateur est exposé.

Il conviendra ensuite de disposer de données supplémentaires sur la contamination des denrées alimentaires par les MOH provenant des emballages en papiers et cartons recyclés.

Compte tenu du caractère génotoxique et mutagène mis en évidence pour certains MOAH, l’Anses estime qu’il est nécessaire  de réduire la contamination des denrées alimentaires par ces composés en priorité.

Dans l’attente, l’Anses recommande de limiter l’exposition du consommateur aux MOH, et plus particulièrement aux MOAH, en agissant en premier lieu sur les principales sources d’huiles minérales dans les emballages en papiers et cartons. L’Agence recommande en particulier d’utiliser des encres d’impression, colles, additifs et auxiliaires technologiques exempts de MOAH dans le procédé de fabrication des emballages en papiers et cartons.

De plus, au regard de la forte contamination des emballages en papiers et cartons constitués de fibres recyclées, il est recommandé de limiter la teneur en MOAH dans les fibres recyclées et à cette fin :

  • D’examiner la faisabilité d’utiliser des encres d’impression, colles, additifs et auxiliaires technologiques exempts de MOAH dans le domaine de l’impression (magazines, journaux et autres papiers graphiques). En effet, les journaux et autres supports imprimés entrant dans la filière recyclage sont identifiés comme les principales sources d’huiles minérales dans les emballages alimentaires en papiers et cartons recyclés.
  • De conduire des études permettant d’identifier, au cours du procédé de recyclage, les étapes (tri, fabrication de la pâte à papier, etc.) conduisant à l’introduction de MOH dans les emballages en papiers et cartons recyclés. Ceci permettra d’identifier les leviers technologiques permettant de réduire la contamination des fibres recyclées (tri plus efficace, réduction des contaminations croisées, amélioration du procédé de désencrage etc.).

Enfin, l’Anses recommande l’utilisation de barrières permettant de limiter la migration des MOH de l’emballage vers les aliments. En effet, l’application de divers revêtements agissant comme des barrières (PET, acrylate, polyamide etc.) directement sur les emballages en papiers et cartons est une solution mise en avant dans la littérature pour limiter la migration de contaminants. L’efficacité d’autres barrières, notamment à base d’amidon, est également en cours d’étude.

Ressources bibliographiques