{"id":10405,"date":"2025-09-03T09:44:27","date_gmt":"2025-09-03T19:44:27","guid":{"rendered":"https:\/\/www.service-public.pf\/dcp\/?p=10405"},"modified":"2025-09-03T09:44:27","modified_gmt":"2025-09-03T19:44:27","slug":"rangiroa-une-mission-pour-valoriser-les-vestiges-archeologiques-hiroa-n-213-septembre-2025","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/www.service-public.pf\/dcp\/2025\/09\/03\/rangiroa-une-mission-pour-valoriser-les-vestiges-archeologiques-hiroa-n-213-septembre-2025\/","title":{"rendered":"Rangiroa : une mission pour valoriser les vestiges arch\u00e9ologiques- (Hiro’a n\u00b0 213 – Septembre 2025)"},"content":{"rendered":"
Propos recueillis par Lucie Ceccarelli \u2013 Photos : DCP<\/em><\/span><\/p>\n Rangiroa regorge de structures arch\u00e9ologiques, principalement des marae mais aussi des fosses de culture (m\u0101ite), souvent laiss\u00e9s \u00e0 l'abandon. C'est dans l'objectif de valoriser ce patrimoine culturel oubli\u00e9 que l'arch\u00e9ologue Anatauarii Tamarii<\/strong> a accompagn\u00e9 sur place une d\u00e9l\u00e9gation de la Direction de la culture et du patrimoine (DCP)<\/strong>. Il nous explique les enjeux de sa mission, premi\u00e8re d'une longue s\u00e9rie, qui a consist\u00e9 \u00e0 r\u00e9\u00e9valuer le corpus arch\u00e9ologique de l'atoll.<\/span><\/p>\n \u00ab Cette mission s'inscrivait dans le cadre du passage des pirogues H\u014dk\u016ble'a<\/em> et Hikianalia<\/em>, initialement pr\u00e9vu \u00e0 Rangiroa \u00e0 l'occasion du 50e anniversaire de la Polynesian Voyaging Society<\/em>. Une petite \u00e9quipe de la DCP a \u00e9t\u00e9 missionn\u00e9e sur place du 14 au 20 juin pour participer \u00e0 l'accueil des navigateurs, qui ne s'est finalement pas fait \u00e0 cause d'un timing trop serr\u00e9. J'ai \u00e9t\u00e9 associ\u00e9 \u00e0 cette mission en tant qu'arch\u00e9ologue afin d'int\u00e9grer un volet plus patrimonial, en \u00e9tant charg\u00e9 du r\u00e9colement arch\u00e9ologique des vestiges de l'atoll. \u00bb<\/span><\/p>\n \u00ab Cela consiste \u00e0 retourner sur un site d\u00e9j\u00e0 visit\u00e9 afin de v\u00e9rifier s'il existe toujours et, le cas \u00e9ch\u00e9ant, d'en dresser un \u00e9tat des lieux. Ma mission faisait suite aux travaux men\u00e9s dans les ann\u00e9es 1960 par les ethnologues Paul Ottino<\/strong> et Anne Lavond\u00e8s<\/strong>, et par l'arch\u00e9ologue Jos\u00e9 Garanger<\/strong>, qui avaient, \u00e0 l'\u00e9poque, fait une premi\u00e8re prospection arch\u00e9ologique \u00e0 Rangiroa. \u00bb<\/span><\/p>\n \u00ab Le premier \u00e9tait de v\u00e9rifier sur le terrain les sites d\u00e9j\u00e0 inventori\u00e9s dans les ann\u00e9es 1960 afin d'alimenter notre base de donn\u00e9es arch\u00e9ologiques, Rumia<\/em>.<\/span> \u00ab Aucune mission de ce genre n'y a \u00e9t\u00e9 men\u00e9e depuis les ann\u00e9es 1960. En janvier 2024, quand se sont tenues les premi\u00e8res Assises de l'arch\u00e9ologie<\/strong>, on avait mis en lumi\u00e8re le fait que l'archipel des Tuamotu \u00e9tait, avec les Australes, le moins document\u00e9 et qu'il fallait par cons\u00e9quent y initier des programmes. L'objectif, \u00e0 terme, est de parvenir \u00e0 une reconnaissance \u00e0 l'\u00e9chelle du pays des structures arch\u00e9ologiques des Tuamotu. \u00bb<\/span><\/p>\n \u00ab On a principalement vu des marae<\/strong>, qui entrent donc dans la cat\u00e9gorie des vestiges religieux et c\u00e9r\u00e9moniels, mais on a \u00e9galement identifi\u00e9 et recol\u00e9 d'autres vestiges comme des m\u0101ite<\/strong>, des fosses de culture. On aimerait installer des panneaux informatifs \u00e0 l'\u00e9cole et sur le motu de Taeo\u0384o<\/strong> (dit du Lagon bleu<\/em>) rappelant ce que sont les m\u0101ite, comment ils \u00e9taient organis\u00e9s, ce qu'on y cultivait\u2026, afin de montrer la vaste culture vivri\u00e8re qui existait autrefois aux Tuamotu. \u00bb<\/span><\/p>\n \u00ab Dans cet archipel o\u00f9 l'environnement est sec, sal\u00e9 et corallien, les anciens pa\u0384umotu<\/em> ont d\u00e9velopp\u00e9 une agriculture ing\u00e9nieuse et durable en creusant des fosses pour atteindre la nappe d'eau douce et permettre la culture de plantes vivri\u00e8res essentielles \u00e0 la survie des populations.<\/span> \u00ab Il y en a des centaines, voire des milliers, par atoll ! Par exemple, sur un petit motu de 5 000 m\u00b2 \u00e0 Rangiroa, on a compt\u00e9 environ 1 500 m\u00b2 de m\u0101ite. \u00bb<\/span><\/p>\n \u00ab Sur tous les motu. L\u00e0 o\u00f9 les gens sont \u00e9tablis aujourd'hui, \u00e0 Avatoru<\/strong> et Tiputa<\/strong>, il n'y a pas grand-chose. Il faut aller dans les districts et les motu avoisinants. La population \u00e9tait davantage \u00e0 Otepipi<\/strong> avant. On sait aussi que le motu Taeo\u0384o<\/strong>, avec tous ses m\u0101ite, \u00e9tait bien peupl\u00e9, puis la population a boug\u00e9, suite aux guerres et aux cataclysmes qui ont eu lieu aux alentours du XVIe si\u00e8cle. \u00bb<\/span><\/p>\n \u00ab On a rencontr\u00e9 Tahuhu Maraeura<\/strong>, le maire de Rangiroa, afin de discuter du partenariat avec la DCP pour la mise en valeur du patrimoine culturel de l'atoll.<\/span> \u00ab Maintenant qu'on a proc\u00e9d\u00e9 au r\u00e9colement, l'id\u00e9e est de se rendre sur des motu qui n'ont pas \u00e9t\u00e9 prospect\u00e9s afin de mettre \u00e0 jour de nouveaux marae, m\u0101ite ou structures d'habitation. Il s'agit d'un travail sur le long terme, l'id\u00e9e serait d'y retourner tous les trimestres.<\/span> Anatauarii TAMARII, <\/strong>chef de la cellule du patrimoine culturel de la Direction de la culture et du patrimoine (DCP) \u2013 Te Papa Hiro'a \u0384e Fauf\u0101'a Tumu<\/em><\/span><\/p>\n<\/div>Quel \u00e9tait l'objet de la mission de la DCP \u00e0 Rangiroa ?<\/span><\/h3>\n
Qu'est-ce qu'un r\u00e9colement arch\u00e9ologique ?<\/span><\/h3>\n
Quels \u00e9taient vos objectifs ?<\/span><\/h3>\n
Le deuxi\u00e8me objectif consistait \u00e0 corriger les coordonn\u00e9es g\u00e9ographiques des points erron\u00e9s ou inexacts de l'ancien syst\u00e8me de projection GPS.<\/span>
Mon troisi\u00e8me objectif \u00e9tait d'\u00e9valuer l'\u00e9tat de conservation des sites retrouv\u00e9s, notamment les marae les plus embl\u00e9matiques comme ceux de Pomariorio<\/strong> et Tivaru<\/strong> ou de la dune de Teonemahue<\/strong>. Je devais \u00e9galement identifier d'\u00e9ventuelles nouvelles structures.<\/span>
Enfin, un dernier objectif consistait \u00e0 rencontrer les associations et les \u00e9lus afin de pr\u00e9figurer un programme de prospection pluriannuel dans toute la commune de Rangiroa, incluant les atolls alentours. \u00bb<\/span><\/p>\nPourquoi cette volont\u00e9 de mener ce travail \u00e0 Rangiroa ?<\/span><\/h3>\n
Quels sont ces vestiges arch\u00e9ologiques ?<\/span><\/h3>\n
Que sont exactement les m\u0101ite ?<\/span><\/h3>\n
Un m\u0101ite<\/strong> est une fosse de 30 \u00e0 150 m\u00b2 de surface, d'une profondeur plus ou moins vari\u00e9e, creus\u00e9e dans le sable corallien \u00e0 l'aide de pelles fabriqu\u00e9es en nacre ou en carapace de tortue.<\/span>
Il existe tout un sch\u00e9ma organisationnel autour de la cr\u00e9ation d'un m\u0101ite, depuis le creusement de la fosse jusqu'\u00e0 la culture des plantes, en passant par la cr\u00e9ation d'un compost v\u00e9g\u00e9tal soigneusement \u00e9labor\u00e9 avec des feuilles particuli\u00e8res, dont la d\u00e9composition cr\u00e9e des couches de terre fertile. \u00bb<\/span><\/p>\nCombien de m\u0101ite avez-vous r\u00e9pertori\u00e9 \u00e0 Rangiroa ?<\/span><\/h3>\n
O\u00f9 sont situ\u00e9s les vestiges ?<\/span><\/h3>\n
Vous avez rencontr\u00e9 plusieurs personnes ressources lors de cette mission, dans quel but ?<\/span><\/h3>\n
On a fait la m\u00eame chose avec Michel Toromona<\/strong>, l'actuel pr\u00e9sident du comit\u00e9 du tourisme.<\/span>
On a \u00e9galement eu l'occasion d'interviewer Punua Tamaehu<\/strong>, navigateur reconnu et d\u00e9tenteur de savoir traditionnel, ainsi que Ruahatu a Tetua<\/strong>.<\/span>
Ils nous ont transmis un corpus de 45 l\u00e9gendes qu'on va \u00e9diter en un livret, notre premier concernant les l\u00e9gendes des Tuamotu. \u00bb<\/span><\/p>\nQuelle va \u00eatre la suite de cette mission ?<\/span><\/h3>\n
Avec cette nouvelle cartographie, des discussions pourront \u00eatre men\u00e9es avec la commune, les associations et les propri\u00e9taires afin de conduire un v\u00e9ritable programme de valorisation.<\/span>
Notre objectif ultime serait de faire reconna\u00eetre le patrimoine des Tuamotu au travers, pourquoi pas, d'un classement au titre des monuments historiques du pays<\/strong>. Cela permettrait de lancer plus facilement des op\u00e9rations de restauration ou de mise en valeur des vestiges. \u00bb<\/span><\/p>\n