{"id":10791,"date":"2025-11-21T14:01:01","date_gmt":"2025-11-22T00:01:01","guid":{"rendered":"https:\/\/www.service-public.pf\/dcp\/?p=10791"},"modified":"2025-11-21T14:07:03","modified_gmt":"2025-11-22T00:07:03","slug":"les-pierres-gardent-la-memoire-des-anciens-hiroa-n-215-novembre-2025","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/www.service-public.pf\/dcp\/2025\/11\/21\/les-pierres-gardent-la-memoire-des-anciens-hiroa-n-215-novembre-2025\/","title":{"rendered":"Les pierres gardent la m\u00e9moire des anciens (Hiro’a n\u00b0 215 – Novembre 2025)"},"content":{"rendered":"
\u00a0<\/span><\/strong><\/p>\n L’arch\u00e9ologue Paul Moohono Niva encha\u00eene les missions dans les archipels et \u00e9tait r\u00e9cemment \u00e0 Tubuai o\u00f9 il a travaill\u00e9 sur le marae Hariita’ata, l’un des plus importants de l’\u00eele. Des travaux de restauration ont \u00e9t\u00e9 men\u00e9s pour redonner au site sa splendeur d’antan.<\/p>\n Questions et r\u00e9ponses avec Paul Moohono Niva<\/i><\/p>\n Hariita’ata est-il un site r\u00e9put\u00e9 ou qui a eu une importance particuli\u00e8re ?<\/b><\/p>\n Hariita’ata se trouve sur l’\u00eele de Tubuai dans la localit\u00e9 de Tamatoa sur la commune de Mahu. Ce marae est \u00e9galement appel\u00e9 marae Tamatoa. C’est l’un des plus importants de l’\u00eele de Tubuai : les chefs de l’\u00eele y tenaient conseil pour des d\u00e9cisions concernant la dynamique de l’\u00eele, ou du moins de Mahu. Par ailleurs, plusieurs vestiges, comme le marae de l’accouchement Matarau ou encore de supercission, circoncision pour devenir un homme ou le site de Taputapu\u0101tea li\u00e9 \u00e0 un r\u00e9seau de solidarit\u00e9 allant de Ra’i\u0101tea \u00e0 Hawai’i, Rarotonga et la Nouvelle-Z\u00e9lande, sont pr\u00e9sents et proches l’un de l’autre. Ils sont dans la m\u00eame localit\u00e9. Et Tamatoa est le titre port\u00e9 par la chefferie de Tubuai.<\/p>\n Que sait-on de ce marae ?<\/b><\/p>\n Selon la tradition orale, les chefs tenaient des r\u00e9unions sur le marae, afin de confier les migrants \u00e0 un groupe tribal local. Ce dernier, s\u00e9lectionn\u00e9 par les chefs, devait s’occuper des nouveaux arrivants, les nourrir, les h\u00e9berger, etc. N\u00e9anmoins, trois marae sont localis\u00e9s \u00e0 Hariita’ata. Les trois vestiges arch\u00e9ologiques sont construits avec trois architectures diff\u00e9rentes. Il est possible que le marae principal soit Hariita’ata et les deux autres portent probablement des noms diff\u00e9rents avec des fonctions diff\u00e9rentes. Un des vestiges arch\u00e9ologiques est orient\u00e9 selon les points cardinaux, nord-sud et est-ouest, ce qui laisse penser que ce site, implant\u00e9 dans une zone \u00e0 forte relation horticole, avec des tarodi\u00e8res, des plantations de manioc, etc., \u00e9tait utilis\u00e9 lors des festivit\u00e9s de Matari’i. L’\u00e9toile Matari’i \u00e9tait attendue pour cette c\u00e9r\u00e9monie importante dans toute la Polyn\u00e9sie.<\/p>\n \u00c0 quelle famille appartenait-il ? \u00c0 quel culte \u00e9tait-il d\u00e9di\u00e9 ?<\/b><\/p>\n Le marae appartient probablement \u00e0 la famille Tehoiri, qui semble descendre des Mokorea ou Orovaru, ou encore des gens qui habitaient sous la terre et remontaient \u00e0 la surface par une rivi\u00e8re pour voler du taro. L’un d’entre eux a \u00e9t\u00e9 captur\u00e9 dans un champ (pa’i taro) avec un filet. On dit qu’il avait des ongles tr\u00e8s longs et pointus. Il fut le fondateur d’une lign\u00e9e Tehoiri qui veut dire \u00ab la peau se transforme \u00bb. La famille Tehoiri de Tubuai \u00e9tait la propri\u00e9taire de ce marae, mais sans le pouvoir, le mana, qui revenait de droit \u00e0 Tamatoa. Ce dernier \u00e9tait choisi par les autres chefs. C’est celui qui avait le prestige, qui prenait le titre. Ainsi, lorsque Tamatoa Faaneti de Ra’i\u0101tea arrive sur l’\u00eele, il devient le chef par prestige, mais le marae appartient \u00e0 la famille Tehoiri, dont l’\u00e9pouse de Faaneti \u00e9tait la manifestation divine. H\u00e9las, nous ne pouvons pas savoir \u00e0 qui \u00e9tait d\u00e9di\u00e9 le site.<\/p>\n Sait-on quand il a \u00e9t\u00e9 construit et par qui ?<\/b><\/p>\n Les travaux sugg\u00e8rent deux p\u00e9riodes d’utilisation. Si le marae est Hariita’ata, le toponyme est Hariiteura. Le nom du lieu est prestigieux : hari’i signifie accueillir et ura, c’est la couleur rouge, symbole royal. Il existe alors une transformation du nom : de ura, il est devenu ta’ata, c’est-\u00e0-dire des hommes, des gens.<\/p>\n Comment expliquer ce changement de nom ?<\/b><\/p>\n Comme sugg\u00e9r\u00e9 pr\u00e9c\u00e9demment, la famille Tehoiri est la d\u00e9tentrice de ce marae. Les membres de cette famille descendraient de Mokorea\/Orovaru et il est possible que la transformation du Mokorea en \u00eatre humain est le r\u00e9sultat de ce m\u00e9canisme de changement de nom.<\/p>\n Est-ce sur ce site qu’on trouve la pierre qui servait au moment des accouchements ?<\/b><\/p>\n Non, le marae d’accouchement se trouve \u00e0 quelques encablures, proche d’une rivi\u00e8re, le site est \u00e9galement appel\u00e9 aujourd’hui Raitoro\/Matarau. Un site pouvait porter deux \u00e9ponymes. Les pierres, dont celle d’accouchement, se trouvent toujours dans la rivi\u00e8re malgr\u00e9 les travaux d’am\u00e9nagement. La tradition orale reste muette sur l’histoire de cette pierre, mais l’organisation du site est toujours visible aujourd’hui.<\/p>\n Quel \u00e9tait le projet de la Direction de la culture et du patrimoine pour le marae Hariita’ata ?<\/b><\/p>\n D’une part, il fallait remettre en \u00e9tat le marae dont certaines parties avaient \u00e9t\u00e9 remani\u00e9es. L’architecture ne correspondait pas \u00e0 celle, typique, de l’archipel des Australes. D’autre part, l’op\u00e9ration consistait \u00e0 remettre en valeur un site arch\u00e9ologique, car le tourisme est en expansion sur l’\u00eele de Tubuai. D\u00e9sormais, il y a un complexe arch\u00e9ologique qui peut \u00eatre visit\u00e9.<\/p>\n En quoi ont consist\u00e9 les travaux de restauration ?<\/b><\/p>\n Il a fallu faire des plans du monument avant et apr\u00e8s la restauration. Ils sont disponibles en archives \u00e0 la Direction de la culture et du patrimoine. Ces plans \u00e9taient notre feuille de route pendant toute l’op\u00e9ration. La restauration a principalement consist\u00e9 \u00e0 relever les pierres qui \u00e9taient tomb\u00e9es par terre ou affaiss\u00e9es, au d\u00e9montage d’un ahu, au dessouchement des racines et \u00e0 la remise en \u00e9tat du pavage.<\/p>\n Ce travail a-t-il amen\u00e9 des d\u00e9couvertes ?<\/b><\/p>\n Un ancien pavage et une fosse de combustion ont \u00e9t\u00e9 mis au jour.<\/p>\n De mani\u00e8re g\u00e9n\u00e9rale, sait-on combien de sites de ce genre existent sur Tubuai ?<\/b><\/p>\n On compte plusieurs marae. Le plus notable \u00e9tait Tonohae, situ\u00e9 \u00e0 Mataura. \u00c0 Taahuaia, on trouvait Peetau, et \u00e0 Mahu, Potuitui. Il convient toutefois de mentionner que d’autres marae existent sur l’\u00eele, mais leur architecture diff\u00e8re de celle des marae pr\u00e9c\u00e9demment cit\u00e9s.<\/p>\n<\/div>Les pierres gardent la m\u00e9moire des anciens <\/strong><\/span>(Hiro’a n\u00b0 215 – Novembre 2025)<\/span><\/strong><\/h1><\/h2><\/div>