Les premiers projets des élèves de l’école de jeux vidéo Poly3D sont lancés, dont une bande dessiné que nous publierons page par page chaque jour dans le Tahiti Infos papier. Les élèves sont motivés et redoublent d’efforts dans cet établissement atypique, sans profs et sans heures de cours.

A Poly3D, école des arts numériques qui compte enseigner les techniques de création des jeux vidéo à de jeunes polynésiens, la classe a commencé. Mais comme annoncé dès le départ, la pédagogie atypique de l’école ne prévoit ni heures de cours, ni polycopiés : en trois semaines, les « padawans » ont dû réaliser autant de projets pratique et apprendre sur le tas.

La première semaine, ils ont conçu un jeu de cartes, du type « Magic the Gathering », les cartes Pokemon ou le jeu vidéo Hearthstone. Au programme : création des règles et du but du jeu, design des 44 premières cartes ainsi que des premières animations 3D. La deuxième semaine, c’est à l’aspect plus alimentaire de leur future profession qu’ils ont été confrontés, en devant réaliser des vidéos promotionnelles pour plusieurs entreprises de la place. Et cette troisième semaine, c’était atelier bande dessinée dans les nouveaux locaux de l’école au sein de la CCISM : chaque padawan devait écrire deux planches de BD racontant l’histoire d’une de ses carte à jouer, les dessiner sur papier puis les scanner et coloriser sur ordinateur.

« Il y a des élèves qui ont dormi à l’école ! »

Quand on interroge les élèves, ils ne se prononcent pas encore sur le parti pris pédagogique de l’école où ils doivent apprendre les bases d’un métier sans presque aucun cours théorique. Mais ils reconnaissent volontiers qu’en très peu de temps, ils ont déjà beaucoup appris. Et au moins cet enchainement de projets les motive fortement : sans heures fixes pour les cours mais avec des délais à tenir pour leurs projets, les plus motivés ou ceux qui avaient le plus de retard dans certains domaines n’ont pas hésité à faire des heures supplémentaires. Heureusement que l’entraide est grande entre les élèves, une cohésion inhabituelle dans des cohortes qui se rencontrent à peine.

Mais les longues heures de travail ont conduit certains élèves à dormir plusieurs jours dans la « cave » aménagée pour eux dans l’école, emplie de canapés, jeux vidéo et d’un dispositif de projection holographique (ou du moins, un astucieux système de miroirs sans teint qui remplit la même fonction)… Des parents auraient même commencé à se demander où est passé sa progéniture. Mais un vernissage officiel vendredi dernier a pu les rassurer : ils ont pu voir les travaux issus de ces trois premières semaines de cours.

INTERVIEW :  « Ce n’est pas du tout ce qu’on imaginait quand on a signé pour Poly3D »

Tahiti Infos : Parlez-moi de ces cartes pour lesquelles vous avez dessiné ces bandes dessinées.

Jessie : « C’est pour un jeu virtuel où nous utiliserons des cartes à jouer. On a tout créé depuis le début. Les règles du jeu seront les même pour toute l’armada… C’est un projet qui va nous suivre pendant trois ans. »
Manoa : « Le but est de détruire la divinité adverse, c’est son boss sur le terrain. Moi mon groupe ce sont les cartes monstre. Là déjà, ma créature c’est Hiro, le dieu, donc je me suis référé à sa légende. »
Jessie : « Moi je fais partie de la légion des sorciers, donc on utilise plutôt les sorts. On a choisi de prendre des symboles polynésiens. Moi c’est la tiare, d’autres c’est l’hameçon ou le sport traditionnel, ou la perle. Et on ara d’autres cartes à réaliser, une par mois, et autant de BD à faire. »

Faire des bandes dessinées ce n’est pas un peu éloigné du jeu vidéo ?

Jessie : « En fait en faisant ça on apprend déjà les bases, c’est le tout début. Donc comment créer une histoire, améliorer son dessin, ce qu’il faut comme élément pour établir un univers cohérent, des règles du jeu… Mais ce n’est pas du tout ce qu’on imaginait quand on a signé pour Poly3D ! »

Les premières semaines ont été intenses ?

Manoa : « Oui, la première semaine surtout, quand on a créé les cartes et construit des animations avec le logiciel. Je me souviens que j’ai travaillé jusqu’à 3h du matin cette première semaine, surtout pour aider les autres qui avaient du mal. Mais moi c’est vraiment l’animation qui m’intéresse, je suis nul en dessin. »
Jessie : « Et moi c’est le dessin mon talent, je suis nulle en animation. »

Combien y-a-t-il de filles à Poly3D ?

Jessie : « 5 sur 22 étudiants. Mais ça va les gars sont sympas, et on sait se défendre ! »

Dans la promo il y de toutes les ethnies et de tous les âges. C’est un atout cette diversité ?

Jessie : « Oui. Nous on ne voit pas l’âge ou quoi que ce soit. On voit les compétences et la personnalité. Le groupe a été soudé dès la première semaine ! »

Un conseil pour les futurs candidats ?

Manoa : « Bah Faaitoito. Préparez-vous dès les pré-inscriptions. Mentalement déjà, et dormez bien. Les grâces mats c’est fini, et vous n’allez pas rentrer chez vous à 17h le soir. Moi je rentre, je vais dans ma chambre, je dors. »
Jessie : « Oui, là c’est zéro vie personnelle, sauf le week-end. »

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44 planches de BD publiées dans Tahiti Infos

Votre journal va publier les planches réalisées par les étudiants de Poly3D au cours des prochaines semaines. Tous les jours en fin de l’édition papier (sauf le vendredi, nous ne pouvions pas vous enlever la page recette !) vous pourrez découvrir une page dessinée. Chaque carte à jouer disposera de deux pages de BD, publiées en deux jours consécutifs. L’œuvre de Jessie (interviewée dans l’article) inaugurera la série aujourd’hui et demain. Découvrez-la en page 44 de votre Tahiti Infos de lundi !