Edwige Tekohuotetua est originaire de Nuku Hiva. C’est une amie qui l’a initiée il y a plus de vingt ans maintenant à l’artisanat. Depuis, il ne se passe pas un jour sans que la Marquisienne ne confectionne un objet, une parure.

C’est dans sa maison située dans une vallée à Nuku Hiva que Edwige Tekohuotetua vit. A plus de 70 ans et désormais seule, cette mère de famille nombreuse passe une partie de ses journées à sa table, ses boites de graines ou de coquillages à portée de main. « Je suis bien quand je fais mes colliers, mes bracelets, mes parures, c’est un vrai plaisir », confesse la Marquisienne. Pourtant au départ, rien ne prédestinait Edwige à devenir artisane. Envoyée avec sa sœur à 6 ans à l’école des sœurs dans l’île de Hiva Oa pour recevoir une bonne éducation, elle y reste dix ans, ne revenant qu’une seule fois par an dans son île natale. « C’était dur », avoue-t-elle pudiquement. Vers 18 ans, elle rentre enfin à Nuku Hiva, définitivement cette fois-ci. Elle travaille d’abord comme institutrice pendant plusieurs années puis comme patentée dans un tout autre domaine. « Les modalités de recrutement pour enseigner avaient changé, alors je me suis remise à faire de la pâtisserie, je savais en faire, car quand mon père tenait un magasin j’en faisais déjà pour l’aider ».

Retourner chercher les graines dans les vallées

Mariage, enfants, patente de pâtisserie pour faire « bouillir la marmite », la route semble toute tracée. Pourtant, il suffit un jour d’une phrase pour qu’Edwige prenne un autre chemin. « Une amie m’a dit ‘pourquoi tu ne te mets pas à l’artisanat ?’ Et je me suis dit pourquoi pas ? », raconte-t-elle alors avec entrain.  La Marquisienne observe son amie, suis ses conseils. « Je repérais avec elle les vallées, les plages, où il fallait aller chercher les coquillages, les graines, puis j’y retournais ensuite, parfois c’était dans la brousse. Elle m’a montré comment percer les graines, les coquillages, ce n’est pas facile, je me piquais fort les doigts au début, mais maintenant je sais bien le faire », confie-t-elle dans un large sourire. Loin de se décourager, elle y passe de plus en plus en temps et y prend de plus en plus de plaisir.

« Cette amie m’a proposé d’aller exposer au salon des Marquises à Papeete, je n’étais jamais allée à Tahiti. En deux jours, j’avais tout vendu », note Edwige, un brin de fierté dans la voix, avant de poursuivre les yeux pétillants : « Ensuite, je suis partie à Ua Pou pour exposer au festival des Marquises, c’était superbe. L’artisanat m’a permis de gagner ma vie avec quelque chose que j’aime faire ». Désormais à la tête de la fédération Vaii nui te ava aki, Edwige n’a depuis jamais arrêté et si les années passent, elle peut compter sur ses petits-enfants pour l’aider pendant les vacances à ramasser coquillages et graines. « Ensuite, je les lave, les fais sécher puis je me mets au travail. Il y a bientôt un salon des Marquises à Tahiti et un festival des Marquises à la fin de l’année », confie Edwige, visiblement ravie de pratiquer sa passion.

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