Avec un sourire, il évoque la première chose qu’il a touchée au centre des métiers d’art : la machine à gravure. Une passion est née et ne s’est plus jamais arrêtée. Son travail artistique est comme un voyage, une aventure qui commence avec une nacre vierge qu’il va transformer en tableau au cours d’un long processus, fait de patience et de minutie.

Il a préparé plusieurs pièces, délicatement installées sur un pāreu blanc, sur la table en bois. « Je m’amuse ! Comme un enfant dans une cours de récré ou une aire de jeux », sourit Glenn Richmond montrant les toboggans et autres installations du parc Paofai. Et il en oublie de dormir… Ses gravures et sculptures miniatures occupent tellement son esprit qu’il est surpris en voyant l’aube se lever. Durant ses années d’étude au Centre des métiers d’art, ses nuits blanches étaient nombreuses tellement cette nouvelle technique l’inspirait. C’est là-bas qu’il apprend à graver, à sculpter… Ce passionné de dessins de manga et de fantasy pensait plutôt faire de la cuisine mais finalement la vie l’a entrainé dans une série de petits boulots. Jusqu’à ce que sa grande sœur, qui l’encourageait déjà à dessiner, le pousse à s’inscrire au CMA. « Tout a débuté à cause d’elle ! »

Les idées fusent dans sa tête : « Je suis tombé raide dingue de tout ça ! Être dans ce monde de la création, découvrir la matière première et toutes ses nuances provenant de la nature. Les nacres de Mangareva sont plutôt roses, celles des Tuamotu plus sombres et tirant sur le vert… » Mais une fois diplômé, Glenn Richmond s’enferme chez lui, là-haut sur la montagne. « J’ai un peu disparu de la surface de la terre… Je voulais me perfectionner, je trouvais qu’on restait un peu trop dans notre zone de confort. Cette absence de trois ans m’a permis de revenir en proposant autre chose. Je suis sorti de mon trou avec ça », dit-il en montrant ses nacres transformées en tableau. Il va alors présenter son travail au CMA sur l’invitation d’un copain et raconte, partage, parle de son travail. « C’est ce qu’on attendait ! » s’enthousiasme le directeur Viri Taimana.

Les expositions s’enchainent, la Tahiti Fashion Week avec ses bijoux en nacre gravés, le Pūtahi… « Je suis content, très heureux même », reconnait-il avec humilité. Il se base toujours sur l’art ancien pour ensuite sortir ses propres créations et participer à la construction du patrimoine d’aujourd’hui. Il choisit ses nacres avec soin : « C’est un peu spirituel, tu la sens, c’est elle ! » Puis commence un long processus qu’il vit comme « une aventure ». Un dessin au papier à crayon sur la nacre, le tracé au feutre, l’utilisation du micromoteur pour faire les contours, les baissements de niveaux sur le premier plan, le deuxième plan pour rendre les perspectives, le travail avec l’échoppe à la main pour les éléments non accessibles à la machine et enfin le lustrage pour faire briller les pièces. « C’est un voyage, tu pars de l’inconnu, la nacre vierge, pour créer. Ça demande beaucoup d’énergie. »

Aujourd’hui, il a commencé une collection « d’insectes qui piquent » avec ce cent-pieds en nacre et en os. « Plus c’est difficile, plus le résultat sera… ouaah. Il faut viser le sommet de toutes choses. » Il sera possible de voir son travail au salon Art du fenua, au Made in fenua et au salon de Noël du Hilton.

Les articles similaires :