Originaire de Ua Pou, Dominique Kaiha est sculpteur, graveur, bijoutier d’art… C’est en observant ses aînés que le Marquisien a appris à magnifier un morceau de bois, un os ou encore la pierre fleurie de son île natale, en pirogue, en penu, en tiki ou en bijou.

Chapeau tressé sur la tête et collier en fibre de coco avec une énorme dent de cachalot en guise de pendentif, Dominique Kaiha est fidèle – même s’il vit aujourd’hui à Tahiti – à ses origines marquisiennes. « J’ai grandi à Ua Pou, ce sont mes grands-parents qui m’ont élevé. Dans ma famille tout le monde travaillait dans l’artisanat. Ma grand-mère tressait, mes frères, mon grand-père sculptaient », explique-t-il d’un air posé.

Agé aujourd’hui d’une cinquantaine d’années, l’homme garde un souvenir très présent de ces années d’enfance passées à Ua Pou, surnommée l’île cathédrale en référence à ses majestueux pitons en basalte. « Quand j’étais enfant, je regardais mon grand-père faire et je l’aidais, il faisait des objets assez simples, mais j’étais impressionné. À l’époque, il n’y avait pas tous les outils modernes, comme les scies électriques, les meuleuses, on utilisait des ciseaux à bois, c’était difficile, cela prenait beaucoup de temps », confie celui qui allait devenir des années plus tard, sculpteur à son tour. Si dans sa jeunesse, Dominique est impressionné par le savoir-faire de son grand-père, il est aussi passionné de mécanique au point d’en faire son métier. Il part alors se former dans ce domaine à Tahiti. « La mécanique, ça sert à tout aux Marquises, il faut savoir tout réparer, le pick-up, les outils, car on est isolés », lance d’un ton serein l’homme.

Après ses études, la commune de Ua Pou cherche un jeune qui parle anglais pour un échange culturel à Hawaii de trois mois. Il est choisi et participe là-bas à des relevés topographiques sur des sites archéologiques avec le Bishop Museum. « C’était une superbe expérience, j’ai beaucoup appris sur la culture », lance-t-il. De retour en Polynésie, il décide de s’engager dans l’armée et découvre la Métropole. « J’y suis resté plusieurs années ensuite », précise-t-il. Très actif dans les associations polynésiennes, il profite de ces années dans l’Hexagone pour faire rayonner la culture marquisienne en participant à de nombreuses manifestations. « Tout au long de ces années, j’ai beaucoup voyagé pour la danse, le haka, j’ai tatoué aussi et bien sûr, je me suis remis à la sculpture là-bas, ça me permettait de gagner de l’argent aussi », reconnaît-il.

La richesse et la diversité des matériaux

Vient ensuite le temps de rentrer en Polynésie, sur son île natale de Ua Pou puis à Tahiti pour des raisons familiales. C’est là qu’il décide de se lancer pleinement dans la profession d’artisan. « J’ai suivi une formation dans la bijouterie puis j’ai pris une patente, c’était en 2009 », poursuit Dominique une once de fierté dans la voix. Et c’est ainsi qu’il s’est lancé. Touche-à-tout, il travaille différents matériaux, à commencer bien sûr par le bois. « J’utilise plusieurs types de bois, l’important est surtout de bien le laisser sécher. Je commence à sculpter un morceau de bois, puis je le laisse sécher plusieurs mois et je le reprends ensuite. Cela permet qu’il ne se fende pas, qu’il ne se casse pas », explique le cinquantenaire, fort de son expérience. S’il utilise beaucoup de bois pour sculpter des tiki, des pirogues ou encore des ūmete, le travail de Dominique est marqué par la richesse et la diversité des matériaux et des bois qu’il n’hésite pas à assembler les uns aux autres. À l’instar d’une baleine ornée d’un morceau de la brillante et célèbre pierre fleurie de son île natale ou d’un espadon agrémenté de keshi et de rostre. Ce mix de matières est devenu l’une de ses marques de fabrique.

Au fil des années, le sculpteur s’est fait une belle réputation. Si vous pouvez trouver ses objets sur les quelques salons annuels auxquels il participe, Dominique travaille beaucoup sur commande. « Les clients me demandent de réaliser les pièces qu’ils désirent, c’est intéressant, car cela me laisse le temps de réaliser de belles pièces en prenant mon temps, en les travaillant avec soin », confie le sculpteur qui rajoute dans un petit sourire, « Et mes enfants viennent me donner un coup de main dans mon atelier ». La transmission de l’héritage se poursuit.

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