Tehina Teoroi est créatrice de bijoux traditionnels. Elle a lancé en 2016 sa marque Arikinui créations. Boucles d’oreilles gravées en nacre, colliers tressés ornés d’oursins ou de coquillages colorés, son imagination est sans limite.

C’est au marché de Papeete du côté de l’artisanat que Tehina Teoroi passe ses journées. Elle y tient un stand avec son mari, Levy Teoroi. Sur une table recouverte d’une nappe blanche, des bracelets tressés avec finesse, des parures originales en coquillage ou encore en nacre. L’artisane est spécialisée dans les bijoux traditionnels. Plus qu’un métier, l’artisanat est une passion qui occupe toute sa vie. Pourtant au départ, rien ne l’a prédestinée à devenir artisane. « À 17 ans, j’étais au lycée à Mahina et je voulais être infirmière », confie dans un franc sourire la trentenaire. Mais comme souvent, la vie réserve des surprises. Pour la jeune fille d’alors, la surprise : c’est l’amour. « J’étais partie en vacances à Maupiti et j’ai rencontré Levy. Sa famille tenait une boutique d’artisanat. Levy aidait sa mère, il lui ramenait des coquillages de sa pêche », explique-t-elle.

Peu de temps après, elle tombe enceinte, son compagnon quitte alors son île pour la rejoindre à Tahiti. Levy travaille comme pêcheur. Les journées de la jeune maman sont parfois longues avec son petit bébé, Arikinui. « Ma belle-mère m’avait donné un collier, j’admirais le travail du tressage. Je me suis amusée à le défaire et à la refaire de nombreuses fois et j’ai adoré (…). J’ai fait mon premier collier en forme de grappe à 19 ans, ce n’était pas le plus beau, mais il a beaucoup de valeur pour moi », reconnait-elle.

« Laisser libre-court à son sens créatif »

Quelques temps plus tard, la famille de son mari lui envoie des bijoux qu’elle vend aux boutiquiers du 1er étage du marché. « Je me suis aperçue que l’artisanat se vendait bien. À chaque envoi, je m’achetais un collier différent pour m’entrainer », poursuit-elle. Fort de cette nouvelle passion, le couple va acheter une meuleuse et Levy va lui apprendre son maniement. Tehina n’arrête plus, elle se met à couper les coquillages, à tresser et crée ses premiers bijoux confectionnés à partir des produits issus de la mer, de la nature. Au début, elle préparait elle-même ses feuilles de tressage et les blanchissait en les faisant bouillir avec du citron avant de les sécher au soleil. « Maintenant, on les achète directement à Vahitahi aux Tuamotu. On achète aussi la nacre et les perles à Takume. Tout le reste, les oursins et les coquillages c’est nous qui nous en chargeons », précise-t-elle. Une fois les coquillages ramassés, elle les lave, les coupe, les passe à l’acide quelques secondes pour les lisser et enfin au chlore. Selon les formes des coquillages, elle va laisser alors libre-court à son sens créatif et les coudre sur ses tressages.

Au fil des années, Tehina se perfectionne et crée de nombreux bijoux. « Au début, on prenait notre scooter et on les vendait en porte-à-porte, puis on a eu un emplacement à l’extérieur du marché d’abord et enfin à l’intérieur en 2016, c’est l’année où j’ai créé Arikinuicreations, c’est le nom de notre fils, c’est un clin d’œil car c’est en le gardant que j’ai découvert l’artisanat ». Huit ans plus tard, la marque de Tehina s’est faite une belle réputation qui dépasse les portes du marché. « Je vends aussi des bijoux à Hawaii, en Calédonie, et même à la Réunion », confie Tehina, heureuse de faire connaitre l’artisanat polynésien au-delà des frontières du fenua.

Pauline Stasi

Les articles similaires :