Maureen Taputu vit aujourd’hui à Tahiti. Mais c’est aux Australes, sur l’île de Rurutu, qu’elle a appris l’artisanat. Sa spécialité est le tressage et particulièrement celui des chapeaux.
On a l’impression que Maureen, assise sur une chaise, regarde à peine ses mains quand elle tresse. Ses doigts enchainent les mouvements avec rapidité et précision. Cette dextérité, l’artisane l’a appris dès son plus jeune âge à Rurutu, son île natale, réputée pour l’expertise et le savoir-faire de ses artisans. « Quand j’étais jeune enfant, j’étais en fa’a’amu, ce sont mes grands-parents maternels qui m’ont élevée. Ma grand-mère était une artisane très réputée dans le tressage, elle passait ses journées à cela. Souvent elle me disait de venir lui masser les épaules pour soulager ses muscles. En la massant, je regardais ses doigts tresser. Je pense que c’est comme cela que j’ai appris au départ. Ma grand-mère m’a donné l’envie, le goût du tressage. Elle m’a appris aussi à faire mon premier motif, le triangle. Après j’ai vécu avec mes parents, ma mère tressait aussi, c’est avec elle que je me suis perfectionnée, que j’ai appris les différents motifs, c’est grâce à elle que je détiens ma technicité. En fait, j’ai l’artisanat dans le sang », confie Maureen Taputu, qui, à la cinquantaine aujourd’hui, est artisane à temps complet.
Des chapeaux haut de gamme
Maureen n’a pas toujours été artisane, elle a travaillé au collège de Rurutu ou encore comme employée dans des hôtels à Tahiti, mais l’artisanat n’a jamais été loin. « J’ai toujours tressé, je le faisais le week-end ou le soir en rentrant, cela a toujours fait partie de ma vie, c’est ma passion en fait », note-t-elle en montrant avec un brin de fierté un chapeau multicolore joliment agrémenté d’une fleur qu’elle a également confectionnée. Car la spécialité de Maureen, ce sont les chapeaux. « Je sais tresser de tout bien sûr, des pē’ue, des paniers, etc. mais ce que je préfère, ce sont les chapeaux. J’aime faire des chapeaux élaborés, qui peuvent se mettre pour de belles occasions. Cela prend du temps, mais ils rendent très bien quand ils sont portés », note l’artisane, heureuse de parler de sa passion.
Mais pour confectionner ses beaux chapeaux, Maureen a besoin de matières premières et c’est, elle le reconnaît, parfois une source de difficultés. « C’est important d’avoir de la bonne matière première. Je peux en acheter déjà prête, mais il faut qu’elle soit de bonne qualité ou je m’en fais livrer par ma famille à Rurutu. Sinon, je peux la préparer aussi, mais cela prend du temps et il faut trouver le bon arbre. Je travaille beaucoup le bambou, le pandanus ou encore le nī’au blanc. Pour ce dernier, il faut trouver un jeune cocotier en bonne santé et récolter le milieu de la plante sans l’abimer. Ensuite, il faut préparer rapidement le nī’au pour qu’il ne sèche pas, pour ce faire, il est important de le couvrir avec un drap humide avant de le cuire dans une grosse marmite d’eau citronnée. Quand la cuisson est terminée, le nī’au est séparé en bandes et séché à l’ombre », précise Maureen, avant de rajouter. « Une fois que j’ai la matière première, je peux enfin tresser et me faire plaisir », confie l’artisane en continuant à tresser avec ses doigts… l’air de rien.