Un sourire avenant teinté de discrétion, des yeux qui pétillent de l’éclat de la passion, Moeani Bernière, créatrice de Miki Miki Black Pearl est aujourd’hui une artisane, créatrice, bijoutière accomplie. Pourtant, au départ, rien ne la prédestinait à ce travail artistique, créatif et manuel. Ah ces beaux tournants que vous fait prendre la vie !

Après des études de psychologie avec une option criminologie, Moeani revient à 25 ans au fenua en espérant décrocher un emploi au tribunal, qu’elle n’obtiendra pas. « J’ai dû trouver une autre source de revenus. C’est comme ça que, par ma rencontre avec un perliculteur, j’ai découvert l’univers de la perle et le secteur primaire. Ça a été comme une évidence, une vocation : créer de mes mains, devenir artisane. J’ai choisi le travail manuel plutôt que la charge mentale. »

« Créer de ses mains appartient au système de valeurs polynésien. Il y a chez nous un talent créatif inné. Mais le regard porté sur les artisans est souvent négatif, perçu comme un déclassement social, y compris jusque dans mon entourage où faire accepter mon choix na pas toujours été facile. »

Motivée et d’un naturel déterminé, la femme se forme seule mais avec méthode. Elle sait que la réalisation de son projet prendra du temps, elle garde confiance et débute son auto-formation. En 2008, elle participe au Salon de l’Agriculture et Foire de Paris. En 2011, aux côtés de Mamie Faaura, elle participe au salon de l’artisanat d’art, y expose ses premières créations. L’année suivante, elle fait partie de la délégation tahitienne participant au Pacific Trade Expo à Auckland, désirant se faire une idée plus précise des débouchés de la nacre de Polynésie à l’échelle du Pacifique ; elle participe au premier festival polynésien à Melbourne également, toujours en 2012.

De toutes ces expériences, elle apprend, elle observe. « La psychologie m’a permis de savoir observer, savoir lire les gens. J’ai beaucoup appris et ça m’est d’une grande aide, notamment pour la vente. »

Bien conduit, son projet avance et en 2016 elle acquiert sa première boutique au marché de Papeete, pour ouvrir sa propre boutique, Miki Miki Black Pearls. Et aujourd’hui, elle dispose aussi d’un stand comme artisane traditionnelle au Terminal de croisière « Te Ānuanua » à Papeete.

Avec l’artisanat, Moeani se reconnecte avec ses sens. « On a cette chance en Polynésie d’avoir des produits nobles. La matière première a déjà tout. Je commence par toucher les matières. Je ressens. »

Et nous ressentons son amour tout particulier pour la nacre. « En touchant une nacre, je sais qu’elle est belle, j’en sais les couleurs. Moi, je n’ai qu’à agencer… »

Et nos yeux de plonger dans chaque bijou en se laissant porter par leur beauté simple pour certains, leur remarquable composition pour d’autres, ressentant toujours, le respect de la matière et de ses lignes, saisissant la finesse de la gravure et surtout, profitant des explications par l’auteure elle-même.

« Je sais exactement à quoi correspondent mes créations, je peux expliquer chaque gravure par rapport à son sens. Ici, quand nous vendons un objet d’art, c’est toute la culture polynésienne qu’il y a derrière, et la passion ! J’ai grandi dans une maison qui est comme un musée. Aujourd’hui, je connais la valeur de mon patrimoine culturel et c’est fondamental pour moi de participer à le transmettre. »

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