Grand tatouage sur la cuisse, sur la main et boucles d’oreilles en os, Rihi Teikitutoua est originaire de Ua Pou dans l’archipel des Marquises. Sorti diplômé du Centre des Métiers d’art à Papeete en 2021, il a décidé cette année de se consacrer pleinement à 100 % à sa passion, la sculpture.
C’est en plein air sous un palmier à Punaauia que Rihi Teikitutoua passe une grande partie de ses journées. Loin de se prélasser, le trentenaire s’y abrite du soleil pour y travailler, car c’est là sur quelques mètres carrés d’herbe qu’il a installé son atelier de sculpture. Un atelier encore assez sommaire, car Rihi a choisi, il y a quelques mois seulement, de se consacrer pleinement à sa passion, la sculpture. « J’aime créer des objets, les dégrossir pour les faire apparaitre dans la pierre ou le bois. J’adore sculpter, c’est magique », lance-t-il avec un enthousiasme non feint en montrant un penu en pierre de basalte en cours de finition sur sa modeste table de travail. « Il faut encore que je termine de le polir en dessous, cela prend un peu de temps », poursuit-il.
Si Rihi Teikitutoua a décidé il y a peu de vivre de sa passion, celle-ci n’est pourtant pas venue tout de suite. Originaire de Ua Pou dans l’archipel des Marquises, il a vécu sur son île jusqu’à l’âge de 15 ans. « Mon père sculptait le week-end des pirogues, des pahu, mais juste comme cela. Mes oncles, eux, étaient davantage dans l’artisanat, dans le tatouage (…). À l’époque, je vivais en internat, car nous n’habitions pas dans la même vallée que le collège. Je me souviens que le dimanche pour nous occuper quand on ne rentrait pas chez nous, on avait une initiation à la sculpture faite par Jean Kautai, un sculpteur très réputé des Marquises. C’était intéressant, mais j’étais jeune et à l’époque j’étais plus intéressé par le dessin que par la sculpture », confesse-t-il.
Faire que chaque objet soit unique
Comme de nombreux jeunes Marquisiens, Rihi part ensuite poursuivre ses études à Tahiti. « J’ai suivi un bac en maintenance en équipement industriel, après j’ai fait pas mal de petits boulots (…). J’ai notamment été assistant dans le salon de tatouage de Siméon Huuti, je le regardais faire, dessiner les motifs marquisiens et cela m’a rappelé la culture de mon île », confie l’homme. Fort de cette prise de conscience, il décide de s’inscrire au Centre des Métiers d’Art qu’il intègre à la seconde tentative. « Il faut vraiment montrer que l’on est très motivé et je l’étais vraiment la seconde fois (…). Je savais dessiner à plat en 2D, mais je voulais vraiment apprendre les techniques pour donner du relief, en 3D… J’y ai appris beaucoup de choses, comme une culture artistique, j’ai aussi appris à modeler, à dessiner des gabarits sur ordinateur, à dessiner des croquis que je continue de regarder souvent, et j’ai aussi appris à utiliser les gouges (…). Le Centre de Métiers d’art m’a vraiment donné les bases dont j’avais besoin », explique le Marquisien, heureux de cet apprentissage. En 2021, il en sort diplômé en section sculpture. Après quelques autres petits boulots, Rihi décide de tenter sa chance, il saute le pas et ouvre sa patente en 2024. « J’ai dit à ma femme qu’il fallait que je fasse de la sculpture dans ma vie, elle m’a encouragé à la faire. J’aime beaucoup travailler la pierre, je travaille aussi le bois, l’os. Pour les matières premières, je vais les chercher dans la nature ou sinon, mon père m’en envoie des Marquises. Je commence aussi à voir ce qui plait aux gens, les objets qu’ils peuvent ramener en souvenirs. J’essaye de ne jamais faire deux fois la même paire de boucle d’oreilles par exemple ou le même objet. J’essaye toujours de le personnaliser, afin que chaque objet soit unique, un peu comme peut l’être un tatouage. En septembre dernier, j’ai exposé au Musée de Tahiti et des îles, j’y retourne en novembre. Cela me donne une vraie visibilité, et me fais connaître, on commence à me passer des commandes. Il faut que je continue. J’espère un jour sculpter des objets où je pourrai mettre encore plus d’inspiration personnelle », raconte Rihi, qui à l’ombre de son palmier, ne regrette pas son choix d’être sculpteur à 100 %.
Pratique
Tél : 87 745 151
Facebook : Enana Art
rteikitutoua@gmail.com
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