Tamanee Alves est une artisane originaire de Rurutu. Spécialisée dans le tressage, elle nous parle avec passion de cet art qui se transmet de génération en génération dans son île natale.

Les mouvements sont rapides, pas facile de suivre les doigts de Tamanee Alves, qui passent les fines bandes de pandanus les unes au-dessus des autres, les pliant d’un côté, puis d’un autre. Si on osait, on appuierait bien sur pause pour saisir toute la dextérité de ses gestes.

Originaire de Rurutu dans l’archipel des Australes, l’artisane a quitté son île natale pour poursuivre ses études à 11 ans. D’abord à Tubuai pour le collège, puis à Tahiti à l’âge de 16 ans pour des cours de dactylo. Elle y habite toujours maintenant avec sa famille. Mais son histoire, sa vie reste liée à Rurutu, son île natale, c’est là-bas qu’elle a appris les bases du tressage. « Ma mère était très réputée à Rurutu pour ses tressages. Elle s’appelait Mama Teariki épouse Mairau. Quand j’avais 6 ou 7 ans, elle m’a montré comment tresser à 3 et 4 bandes de pandanus. Quand nous sommes venus à Tahiti, elle a ouvert un stand au premier étage du marché de Papeete où elle vendait ses objets. Il était situé à côté de celui de Mama Fauura. Ma mère tressait vraiment très bien », explique l’artisane, qui à ses heures perdues, même quand elle travaillait, a toujours tressé quand elle avait un moment.

C’est une vraie richesse

Après plusieurs années dans l’hôtellerie, Tamanee Alves décide finalement au début des années 2000 de faire de sa passion pour le tressage son métier. Cela fait plus de vingt ans maintenant qu’elle se consacre à cet art. Ses spécialités : des grands ‘ētē (panier en tahitien) bien solides et finement tressés en pandanus et des beaux chapeaux « moulin » agrémentés d’une couronne raffinée. Pour confectionner ses objets, elle fait venir des longues bandes de pandanus directement de Rimatara. Puis elle s’attèle au travail.  Pour ses chapeaux « moulin », elle se sert d’un moule en bois, mais attention, on ne parle pas d’un moule lambda. « C’est un moule dont se servait ma mère. C’est amusant de se dire qu’elle a travaillé dessus pendant des heures et que maintenant c’est moi qui y passe des heures dessus », note un brin d’émotion dans la voix, Tamanee. Car effectivement réaliser un chapeau finement tressé est un travail de longue haleine. Il faut parfois une journée et demi, voire deux jours pour le faire. « C’est du travail bien sûr. J’ai beaucoup appris aussi par moi-même, mais cet héritage de ce savoir-faire que ma mère m’a donné, c’est une vraie richesse qui me permet aujourd’hui de vivre et que je veux aussi perpétuer », avoue Tamanee.

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