La 16ème conférence ministérielle de l’Association des Pays et Territoires d’Outre-mer (OCTA) s’est déroulée à Bruxelles le 22 février 2018. La Polynésie française a été élue à la présidence de cette organisation pour l’année 2018. Nous avons interviewé à ce sujet le Vice-président de la Polynésie française, M. Teva Rochfritsch, qui a été mandaté par le Président du Pays, M. Edouard Fritch pour conduire la délégation de la Polynésie française car le chef de l’exécutif polynésien ne pouvait s’absenter du Fenua.

Monsieur le Vice-président, qu’est-ce que l’Association des Pays et Territoires d’Outre-mer (OCTA) et quel est l’intérêt pour la Polynésie française d’y appartenir?

« L’Association des Pays et Territoires d’Outre-mer (OCTA) est une organisation internationale importante réunissant les 25 Pays et Territoires d’Outre-Mer associés à l’Union européenne et ses 28 Etats membres grâce aux liens particuliers qu’ils entretiennent avec le Danemark, la France, les Pays-Bas et le Royaume Uni. Pour en assurer le fonctionnement elle dispose d’un secrétariat à Bruxelles, d’un comité exécutif et de groupes de travail se réunissant régulièrement. Sa vocation première est la défense des intérêts de ses membres et de travailler collectivement pour le développement durable des PTOM à travers le dialogue».

« L’intérêt de la Polynésie française et des autres PTOM d’y participer est multiple. Tout d’abord, l’OCTA nous offre une enceinte au sein de laquelle notre Pays peut faire entendre sa voix et porter celle des pays cousins du Pacifique sur des thèmes partagés tels que le changement climatique, la gestion des Océans, la biodiversité, les ressources naturelles etc…Deuxièmement un bloc de 25 PTOM unis politiquement sur des sujets d’intérêt commun est plus audible par l’Union européenne que la seule voix de la Polynésie, c’est le principe de ‘l’union et la solidarité font la force’. Ceci s’avère souvent déterminant dans la négociation de financement sans oublier qu’au-delà de l’UE, la voix des PTOM est plus forte au niveau régional et même mondial. Enfin, l’OCTA est aussi un espace d’échanges d’information et de bonnes pratiques où l’on peut apprendre de nos partenaires et améliorer nos politiques publiques tout en promouvant l’engagement du secteur privé, les universités et la société civile ».

Monsieur le Vice-président, quels ont été les principaux éléments discutés et décisions prises pendant la 16ème Conférence ministérielle de l’OCTA ?

« Cette conférence a été riche d’échanges avec la revue des programmes en cours tel le programme de « Stratégies Territoriales pour l’Innovation » (STI) pour lequel la Polynésie française a d’ailleurs remporté un appel à projets et lancé en 2017 une technique innovante de bioconversion de tourteaux de coprah à des fins d’aquaculture.

Au-delà des programmes en cours et à venir, les participants ont notamment discuté de sujets d’intérêt commun dont la gestion des Océans, le changement climatique, l’accès aux financements européens notamment aux programmes thématiques….

Enfin cette conférence nous a permis de définir une position commune vis-à-vis de l’Union européenne et du futur accord de partenariat entre l’UE et les 78 Pays d’Afrique subsaharienne, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) en vigueur à partir de 2021 (appelé communément « post-2020 »). Cette négociation constitue un enjeu majeur pour la Polynésie française et les PTOM car nous partageons jusqu’à présent le même instrument financier i.e le Fonds européen de développement. Les ACP du Pacifique sont nos voisins et pays frères et sont touchés par les mêmes problèmes qui ignorent les frontières politiques, institutionnelles et administratives…sans compter notre appartenance aux mêmes organisations politiques (le Forum des îles du Pacifique) et techniques (la Communauté du Pacifique et le Programme Océanien pour l’environnement) ».

« La position post-2020 défendue par les PTOM recommande une politique européenne en faveur des pays ACP, une meilleure association des PTOM dans les instances de gouvernance politiques et technique mises en place dans chacun des trois bassins géographiques, un soutien financier et technique aux PTOM renforcé, ainsi qu’une meilleure accessibilité aux programmes thématiques de l’UE. J’ai d’ailleurs vigoureusement défendu les intérêts politiques et financiers de la Polynésie et des PTOM, compte-tenu de notre importance géostratégique et nos besoins ! Si l’Union européenne et ses Etats membres sont la première puissance maritime mondiale et a un rayonnement global c’est aussi grâce aux PTOM et à la Polynésie française avec nos 17 millions km2 de zone économique exclusive !

A l’issue des discussions, la Polynésie française a été élue à l’unanimité à la présidence de la Conférence ministérielle de l’OCTA pour l’année 2018 (février 2018 à février 2019) et aussi membre à part entière du comité exécutif de l’OCTA. A ce titre j’ai souhaité que la nouvelle mandature soit placée sous la préservation de nos Océans. »

Tous ces éléments figurent dans la Déclaration ministérielle adoptée qui a servi de base de discussion au Forum UE-PTOM du 23 février.

Monsieur le Vice-président, quelles sont les implications de la Présidence de l’OCTA pour la Polynésie française?

« Pendant cette mandature, la Polynésie s’est engagé à mettre en œuvre la feuille de route définie par la déclaration ministérielle en partenariat avec les 24 autres PTOM. Cet engagement requiert aussi un travail de veille et de négociation permanente, une collaboration sans faille entre les services de notre administration, et une présence politique renforcée de la Polynésie française à Paris et à Bruxelles pour défendre les intérêts communs des PTOM.

Par exemple, en tant que de président de l’OCTA, la Polynésie française a dû intervenir au nom de l’ensemble des PTOM auprès de la Commission européenne en avril dernier pour défendre l’intérêt et la nécessité de poursuivre le programme BEST pour la protection et la préservation de la biodiversité. Compte-tenu de la richesse et la vulnérabilité de la biodiversité dans nos territoires, il est essentiel que ce type de programme puisse être pérennisé.

Cette présidence implique enfin l’organisation de la 17ème conférence ministérielle de l’OCTA en Polynésie française lors du 1er semestre 2019 avec la tenue du Forum. Il s’agira d’un évènement très important pour le rayonnement de notre Pays et autres PTOM puisque l’Union européenne et l’ensemble des Pays et Territoires d’Outre-Mer ainsi que leurs Etats-membres seront présents à cette occasion. »

Pour plus d’informations sur le travail de l’OCTA, cliquez ici