Port-Vila, Vanuatu

Du 23 au 25 novembre 2022, la cinquante-deuxième session du Comité des représentants des gouvernements et administrations (CRGA 52) et la session thématique extraordinaire de la douzième Conférence de la Communauté du Pacifique (CPS) ont réuni des participants venus de tout le Pacifique et d’ailleurs dans le monde.

Cet événement, accueilli par le Gouvernement de Vanuatu à Port-Vila, a marqué le retour aux rencontres en présentiel, après pratiquement trois années de restrictions liées à la COVID‑19. Il s’agissait en outre des premières sessions tenues en dehors du siège de la CPS, situé à Nouméa (Nouvelle-Calédonie), depuis 2016.

Les temps forts des débats ont été les suivants : il a été décidé que le Bureau régional pour la Polynésie serait établi aux Tonga, les membres ont pris note des progrès accomplis dans la mise en œuvre du Plan stratégique 2022–2031 de la CPS, il a été reconnu que la pandémie de COVID-19 continuait de poser des difficultés dans la région, et les membres ont salué l’excellence avec laquelle le Directeur général de la CPS, M. Stuart Minchin, a guidé l’Organisation pendant la crise sanitaire. Les membres se sont également penchés sur les conclusions d’une évaluation technique de la CPS entreprise par le Groupe des Amis de la présidence, et ils se sont mis d’accord sur la manière dont les recommandations issues de cette évaluation devraient être mises en œuvre en 2023 et dans le contexte de l’évaluation de l’architecture régionale.

Le CRGA 52 était présidé par le Samoa et la douzième Conférence, par Vanuatu. La session thématique extraordinaire de la douzième Conférence, dont le thème était la prospérité et le bien-être du Pacifique bleu, a débuté à Saralana Park (Port-Vila) par une cérémonie, lors de laquelle le Premier ministre de Vanuatu, M. Alatoi Ishmael Kalsakau, a officiellement souhaité la bienvenue aux délégués et ouvert la Conférence. Au programme de cet accueil traditionnel figuraient des danses provinciales, une cérémonie traditionnelle, la plantation de cocotiers par les chefs de délégation et une cérémonie du kava.

À cette occasion, dans le sillage de l’activité de plantation de cocotiers et au vu du fléau que représente le rhinocéros du cocotier, le Premier ministre a évoqué « la nécessité d’une intervention scientifique opportune et ciblée pour préserver les précieuses ressources naturelles. En particulier, la science doit non seulement se révéler pratique et utile, mais aussi contribuer à la préservation de nos moyens de subsistance et de tout ce qui nous permet de les pérenniser », a-t-il déclaré. Il a par ailleurs utilisé le symbole de la canne ou du bâton de berger pour expliquer à quel point il était important de s’appuyer les uns sur les autres, ainsi que la métaphore de la résilience du cocotier – l’arbre de vie – pour illustrer la volonté des populations océaniennes de lutter pour la préservation de leur mode de vie et de trouver de nouvelles façons de prospérer.

Cette cérémonie a été suivie d’une séance consacrée aux 75 années que la CPS a consacrées au service de la région. Lors de cette séance, sont intervenus le Directeur général actuel de l’Organisation ainsi que certains de ses prédécesseurs. La Première ministre du Samoa, Fiame Naomi Mataafa, a porté la trame narrative du Pacifique bleu et insisté sur l’importance d’un leadership océanien en ce qui concerne les enjeux du changement climatique. Au sujet de la campagne lancée à l’initiative du Pacifique intitulée « 1,5 degré pour rester en vie », elle a déclaré : « Je pense que nous devons absolument veiller à ce que la communauté internationale garde cet objectif en ligne de mire […], car les données scientifiques sont sans équivoque – si nous dépassons 1,5 degré, la question des montants consacrés à ces enjeux n’aura plus guère d’importance. »

Le président de la session thématique extraordinaire de la douzième Conférence a précisé en préambule que cette journée coïncidait avec le lancement de la campagne annuelle « 16 jours d’activisme contre la violence basée sur le genre », les délégués portant des rubans orange pour exprimer leur soutien à cette initiative mondiale.

Les interventions des délégués sur un éventail de thèmes ont donné lieu à des discussions et à des débats animés. L’urgence de faire face aux effets du changement climatique, les fruits de la coopération mutuelle engagée de longue date dans la région, le talanoa et la collaboration ont été des thèmes récurrents tout du long.

Le Secrétaire permanent du ministère de la Justice, de la Communication et des Affaires étrangères de Tuvalu, M. Tauisi Minute Taupo, a salué le travail de la CPS dans le domaine des limites maritimes. Tuvalu « est touché par la montée du niveau de la mer et notre force, c’est de faire partie du Pacifique bleu et de la CPS », a-t-il déclaré.

Le Directeur général de la CPS, M. Stuart Minchin, est revenu sur les 75 ans d’histoire de la CPS, rappelant l’importance d’adopter une approche centrée sur l’humain dans le Pacifique. La Directrice du Département de la jeunesse et de la condition féminine des Samoa américaines, Mme Salote Aoelua-Fanene, a expliqué que la tradition de la pêche était profondément ancrée dans son pays, et elle a remercié la CPS de continuer d’apporter un soutien sans faille à son pays. « Il s’agit de notre mode de vie et de survie », a-t-elle affirmé, avant d’ajouter que la Communauté du Pacifique « contribu[ait] au renforcement de débouchés commerciaux innovants dans le domaine de la pêche en offrant des conseils techniques et des supports de formation sur les dispositifs de concentration de poissons ».

Les délégués ont pu s’immerger dans les activités de la CPS lors de l’« Exposition océanienne » et de séances consacrées à la présentation de projets scientifiques, qui ont permis de mettre en évidence l’impact de l’action de la CPS en Océanie dans les domaines de la pêche, du changement climatique, du genre, de l’éducation, de la santé publique, des arts et de la culture.

En marge de la Conférence, la CPS a conclu deux partenariats avec l’UE, en présence de représentants d’ONU Femmes, à savoir la deuxième phase du Partenariat pour l’élimination des violences faites aux femmes et aux filles dans le Pacifique, pour un montant de 8 millions d’euros, et un partenariat de 1,5 million d’euros dans le cadre de l’initiative « Solutions océaniennes : gestion intégrée des océans (PSIOM) », qui permettra de tirer parti des multiples politiques nationales sur les océans mises en place dans le Pacifique ces dernières années et de soutenir une économie océanique durable, qui utilise les ressources des océans de manière à préserver la santé et la résilience des écosystèmes marins et à améliorer les moyens de subsistance et les emplois, tout en maintenant un juste équilibre entre protection et production pour garantir la prospérité.

À l’issue du CRGA 52, il a été annoncé que Tuvalu accueillerait la cinquante-troisième session du CRGA ainsi que la treizième Conférence en 2023.