Née d’un père professeur en technologie et d’une mère pharmacienne, Maryon Aufray a présenté sa thèse de Docteur en Pharmacie depuis l’université de Montpellier via une visioconférence. Le jury, dont une partie se trouvait sur place, était également composé de docteurs du fenua, Gregory Detrun et Bruno Ulmer qui ont suivi la présentation depuis le CHPF à Pirae. Le thème choisi par la jeune polynésienne : la télé-cardiologie en Polynésie.

« C’est de famille » nous expliquait un proche parent de Maryon Aufray, 24 ans et doctorante en master 2 à l’université de Montpellier. Ce vendredi matin à 6 heures, la jeune polynésienne présentait sa thèse sur la télécardiologie par visioconférence en vue d’obtenir son diplôme de Docteur en pharmacie, après 6 années d’études passées dans le département de l’Hérault. Mais avant elle, sa grande sœur Eva Aufray 29 ans avait effectué le même cursus et bien avant encore, leur mère Mathilda aujourd’hui responsable d’une grande pharmacie à Mama’o.

Pendant plus de 45 minutes, Maryon a tenté de démontrer l’importance que représenterait le développement de la télécardiologie au sein même de la télé-médecine en Polynésie. L’idée étant de poser des sondes sur les patients atteints de difficultés cardiaques (ayant un pacemaker par exemple), et donc de pouvoir suivre ces derniers grâce aux données transmises à Pape’ete. Ce système permettrait d’intervenir plus rapidement, à distance et surtout plus précisément comme nous l’expliquait l’un des membres du jury présent à Tahiti, le docteur généraliste Grégory Detrun : «On est obligé d’évasaner les patients des îles tous les 3 mois. Et cela représente des coûts faramineux en terme de transport et de séjour. Sur l’année cela représente plus de 500 000 fcp par personne. Alors qu’avec un simple boîtier qui nous enverrait directement les informations à Tahiti, nous pourrions mieux évaluer la situation et donc éviter des évasans pour une simple suspicion. » La Polynésie compte près de 600 patients suivis par an.

Ayant passé 6 ans à recueillir toutes les informations utiles à la mise en place de la télé-cardiologie en Polynésie française, Maryon Aufray a parfaitement maîtrisé le thème, allant même jusqu’à effectuer un plan financier et comparatif. Cet aspect a agréablement surpris le jury montpelliérain. Se basant sur des éléments fournis par différents organismes de santé, dont le CHPF, elle a insisté sur la pertinence du projet (l’un des volets de sa thèse) : « le coût annuel pour un suivi classique, incluant une visite médicale à l’hôpital et tous les autres frais, est de 32 700 000 xpf, tandis qu’avec la télé-cardiologie, il est évalué à 25 000 000 fcp. L’économie réalisée est de 7 000 000 fcp, soit d’un quart par rapport au premier montant. » Ayant surtout effectué une différence d’évolution entre la France ou encore d’autres pays européens, la doctorante estime que la Polynésie a encore beaucoup à faire et que l’absence de décret d’applications ne facilite pas la mise en place de ces nouvelles technologies, ou du moins pas de manière évolutive et généralisée comme voulu.

Après une délibération d’une demi-heure environ, le jury local et métropolitain a validé son diplôme ; sanctionnant ainsi un long parcours de 6 années d’études au cours desquels Maryon a côtoyé de grands spécialistes. Lors d’une interview (toujours en visio-conférence), elle a exprimé son désir de revenir au fenua pour travailler dans la pharmacie familiale. Elle tient à retrouver la gentillesse des siens, les polynésiens, mais surtout de les servir comme le font sa sœur Eva et sa maman. D’ailleurs, cette dernière se trouvant actuellement à ses côtés, c’est ensemble qu’elle fêtera sa réussite et qu’elle passera ses derniers moments avec ses amis et professeurs. Avant d’interrompre la visio conférence, le docteur Detrun lui a lancé un chaleureux : « on t’attend à Tahiti ! ». Voilà qui est dit.

Source : TP – Tahiti-infos