Loin de l’image idyllique de l’affiche officielle, l’ouverture au public, ce lundi 2 avril, de la nouvelle gare maritime de Papeete n’a pas été un grand succès populaire. Les conditions d’embarquement et de débarquement sur les bateaux de la compagnie Aremiti (sur la ligne Papeete-Moorea) ont plutôt tenu du parcours de combattant si l’on en croit les commentaires des passagers. Au point qu’un collectif intitulé (provisoirement) « Les indignés de Moorea » s’est constitué avec une page Facebook comme vitrine. La presse quotidienne s’est fait aussi l’écho de ce qui est considéré unanimement comme un « fiasco » : La Dépêche de Tahiti  titre : « Gare maritime, la galère ! » et Les Nouvelles de Tahiti : « Ça bouchonne à la gare maritime ». La Dépêche donne aussi à voir une vidéo en ligne de cette journée mémorable à partir d’IPhone ou autre smartphone Androïd.

Il faut dire que l’inauguration, le 16 mars, s’était faite sur fond de conflit entre les autorités (Port autonome et gouvernement) et la société Aremiti de l’armateur Eugène Degage. L’augmentation des tarifs de passage, avec l’institution d’une taxe  spéciale gare maritime finalement à la charge des usagers  – comptée avec 6 passages hebdomadaires pour les abonnés- n’est donc pas non plus pour plaire.

Quoi de neuf sur les sites officiels ?

Même si l’on peut mettre ces pea pea sur le compte d’un temps de rôdage, les usagers ont en tout cas été plus rapides à réagir sur la Toile que les autorités portuaires. On notera ainsi que le site dédié, www.garemaritime2011.pf, n’a pas évolué depuis sa création et ne présente que le projet en cours. Quant au site internet du Port Autonome, www.portdepapeete.pf, il ne se signale que par quelques lignes, le 15 mars, pour annoncer  l’inauguration, le lendemain, de cette gare maritime. Un dossier de presse en format Pdf détaille certes la participation des entreprises ayant contribué à sa réalisation. On y apprend également l’arrivée à Papeete, dans la deuxième quinzaine d’avril, d’un catamaran à grande vitesse pour effectuer la traversée entre Tahiti et l’île sœur en 20 mn de passe à passe. Mais la description des services en place dans la structure – qui, au total, avec ses trois niveaux occupe 13 000 m2 au sol – se limite à présenter le snack de restauration rapide, une agence de voyage et… un espace bijouterie… Les usagers auraient sans doute préféré bénéficier d’un plan précis et lisible des points d ‘embarquement et de la billetterie.

Le troisième port français en nombre de passagers

On ne rentrera pas ici dans le détail de la polémique qui sévit à propos d’un outil qui a coûté la bagatelle de 2,5 milliards Fcfp (env. 20 millions d’euros), même si sa qualité architecturale est généralement louée. Rappelons qu’avec 470 000 tonnes de transit annuel de marchandises et plus de 250 000 véhicules, le port de Papeete accueille aujourd’hui près d’1,7 million de passagers par an entre Tahiti et Moorea. Sur les dix dernières années, le taux de croissance annuel moyen des trafics passagers et marchandises a été de plus de 4%. Pour les autorités en charge de sa réalisation, les  infrastructures ne répondaient plus aux besoins du troisième port français, en nombre de passagers, après Calais et Bastia. À signaler également que ce chantier, qui a induit la création de 250 emplois dans 22 corps de métiers, fait partie des grands projets de la relance économique du Pays. Les passagers n’ont par ailleurs plus à attendre les navettes sur un quai peu adapté, en plein soleil ou… à la pluie.