La télémédecine regroupe l’ensemble des pratiques médicales (téléconsultation, téléexpertise, télésurveillance médicale…) qui permettent aux patients d’être pris en charge à distance et l’échange d’informations médicales grâce aux Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication. Longtemps restée à l’état expérimental, la télémédecine a connu un véritable essor en France à partir de 2009.
La télémédecine apparaît désormais comme une valeur ajoutée en matière de qualité et de sécurité dans l’organisation des soins, notamment lorsqu’elle favorise les soins au domicile des patients et pour le suivi des maladies chroniques (insuffisance cardiaque et rénale, diabète, hypertension). En 2013, une mission « télémédecine » pilotée par le Professeur Louis Lareng est venue en Polynésie française. Une des conclusions de cette mission était la suivante : la pleine efficience de la télémédecine en Polynésie française suppose une prise en compte réglementaire et une inscription dans la planification de la politique de santé. En tenant compte de cette conclusion, le Schéma d’organisation sanitaire (2016-2021) adopté par l’Assemblée de la Polynésie française le 16 février 2016 a défini un objectif concernant la télémédecine : mettre en place une télémédecine au service des soins primaires dans les archipels (orientation 6.3) et le sous objectif suivant : adopter une règlementation polynésienne de télémédecine (action 6.3.2).
Le projet de loi du Pays vise ainsi au développement de la télémédecine. Celle-ci va pouvoir notamment s’appuyer sur un environnement technique favorable notamment en terme de télécommunications via Internet ainsi que sur la validation de cette pratique par le Conseil national de l’ordre des médecins. La Polynésie française constitue, de par sa géographie, un terrain idéal pour le développement de la télémédecine, ce qui permettra, notamment, d’optimiser l’offre de soins pour les sites isolés des archipels éloignés.
L’étendue de la zone géographique à couvrir et la disparité de répartition de la population, les difficultés récurrentes de répartition des moyens médicaux, l’inégalité géographique d’accès aux soins, l’impossibilité de médicaliser certaines zones géographiques isolées, l’accroissement du coût de la santé et celui des EVASAN, ou encore la nécessité impérieuse pour l’avenir de promouvoir la médecine préventive, constituent les motifs principaux qui justifient le développement de cette nouvelle approche de la pratique médicale.
En effaçant les distances entre les patients et les soignants, en favorisant les échanges entre professionnels, en diminuant les coûts ou encore en rationalisant les moyens, la télémédecine représente une manière novatrice et efficiente de concilier des impératifs économiques de plus en plus prégnants, la difficulté de recrutement de professionnels de santé dans des lieux isolés et la nécessité de garantir une médecine égalitaire et de qualité.
La télémédecine peut constituer un levier puissant pour garantir une offre de soins de qualité et s’adapter au particularisme géographique de la Polynésie française, participer à la maîtrise du coût de la santé et créer un véritable réseau de santé autour du patient. Ce projet de loi du Pays a pour objet de poser le cadre réglementaire d’utilisation de ce nouveau mode de pratique médicale en Polynésie française.