Maiao : le projet de centrale tiendra compte du marae

Vincent Marolleau est archéologue et agent de la cellule Patrimoine culturel de la Direction de la culture et du patrimoine. Il a participé récemment à une campagne de fouilles archéologiques préventives à Maiao, dans le cadre du projet de construction d’une centrale hybride d’électricité, et à une autre dans la vallée de Faaroa, à Raiatea.

En quoi consistait votre campagne de fouilles à Maiao ?

« Dans le cadre du projet de construction d’une centrale hybride d’électricité sur l’île de Maiao, la Direction de la culture et du patrimoine (DCP), sollicitée par la commune de Moorea-Maiao, a réalisé une campagne de fouilles archéologiques préventives. »

Où s’est-elle déroulée précisément ?

« Elle a eu lieu du 20 au 29 septembre. Cette opération s’est déroulée sur la parcelle cadastrée TB 59, terre “Te tahuna 2”, lieu de la future centrale, et a été prise en charge par la DCP, avec l’appui logistique de la commune de Moorea-Maiao. Les fouilles ont été réalisées par moi-même. »

Pourquoi a-t-elle été décidée ?

« La réalisation d’un diagnostic archéologique était nécessaire puisque plusieurs structures archéologiques (dont un marae) avaient été repérées et risquaient d’être impactées par les travaux d’aménagement. »

Votre diagnostic a-t-il permis de caractériser les vestiges ?

« Le marae a fait l’objet d’un relevé planigraphique précis et de fouilles. Du matériel a été retrouvé (coquillage, charbon, ossements de cochon et d’oiseau). Il fera l’objet d’analyses et notamment de datation. Des sondages ont aussi été réalisés en différents endroits de la parcelle, notamment sur la zone de construction du bâtiment principal de la centrale et les zones où seront placés les panneaux photovoltaïques. Le but était de vérifier la présence de site enfoui. Ces sondages se sont révélés négatifs. »

Des solutions ont-elles été identifiées pour que l’aménagement ne détruise pas les structures archéologiques ?

« Les structures archéologiques, et notamment le marae, seront pris en compte dans le projet d’aménagement afin de préserver ce patrimoine culturel. »

Après Maiao, vous avez enchainé sur une mission, cette fois de prospection, à Raiatea. Où a-t-elle eu lieu ?

« Cette mission de prospection s’est déroulée dans la vallée de Faaroa sur quatre parcelles dont la gestion est à la charge de la DCP, pendant une semaine, du 24 au 31 octobre. »

Qu’est-ce qui a motivé cette opération ?

« Ces parcelles abritent de nombreux vestiges (marae, structures d’habitation et d’horticulture), déjà inventoriés dans les années 1980 puis dans les années 2000. Ces vestiges forment une réserve archéologique entretenue pendant de nombreuses années par l’association Tuihana. Mais depuis quelque temps, son entretien n’a pu être continué par l’association.»

Quelle était son but ?
« Le but de cette nouvelle mission, commanditée par la DCP, est donc de vérifier l’état des sites archéologiques et de géolocaliser l’ensemble des vestiges afin de disposer d’une cartographie précise des parcelles.»

Dans quel cadre s’inscrivait-elle ?

« Cette mission s’inscrit dans les prérogatives confiées à la DCP, à savoir la gestion du patrimoine archéologique qui passe par la consolidation de la carte archéologique de Polynésie française, ce qui implique du travail de terrain (inventaire, cartographie, etc.).»

Qui y a pris part ?
« J’étais responsable de cette opération, accompagné de Coralie Perrin, actuellement en contrat CVD à la DCP. Deux agents de la DCP de Opoa étaient également présents. »