Exposition Tumu Rai Fenua
« Tumu-Ra’i-Fēnūa», la matrice primordiale, le Mythe-Mère
Par Hiriata Millaud, ethnolinguiste
« Il se nomme Tumu-Ra’i-Fēnūa, en lui est le pouvoir de la création, la puissance du divin, l’essence génératrice de la vie et de la mort. Il est le Mythe primordial et originel (tumu) qui préside à la raison existentielle de toute chose et de tout être. (…) Il est le Mythe du divin (ra’i) qui conte la naissance de ‘la race sacrée des immortels toujours vivants’. (…) Il célèbre le rite (tapu) qui rend toute chose et tout être intangible, inviolable, inaliénable. Il engendre les dieux (atua) salvateurs et impitoyables aux pouvoirs immensurables. Il est le Mythe qui génère et régénère tous les êtres et toutes les choses qui constituent le monde en mouvance perpétuelle (he’e-nū/fēnūa) des femmes et des hommes mā’ohi. Il trace et retrace les mille et une routes d’expansion océanique (he’e). Il insuffle dans les cœurs et dans les esprits les valeurs primordiales, de vie (ora), d’humilité (ri’i), de respect (tura), d’amour (ipo), de partage (tau’a), de bonté (maita’i), de paix (hau) et de joie (‘oa’oa). (…)
Il est Tumu-Ra’i-Fēnūa. En lui veille l’ombre silencieuse ; en lui sommeille la lumière toute-puissante ; en lui demeure l’essence vitale primordiale. Tel est le « Mythe-Mère » fondateur et tridimensionnel : il est intangible et inviolable, quand bien même trouve-t-il sa représentation matérielle, sensible et compréhensible dans une entité unique qui est le « Site-Mythe » ou « Vā-Na’ana’a-rahu-ao », le « Paysage Culturel » ou « Vā-Pariāfēnūa », « l’espace Civilisateur » ou « Vā-Mō’a », dont le cœur sanctifié (tapu) consacre et civilise (tapu) aux confins (ā-tea) du Grand Océan de Hīvā. »