Enfant de l’économie collaborative, eShipp met en relation des acheteurs et des voyageurs. Les premiers récompensent les seconds pour convoyer des produits de Paris à Papeete ou de Papeete à Paris.

Sur la page d’accueil d’eShipp, le site créé par Elsa Jaubert (conceptrice) et Karl Stein (développeur), l’internaute doit faire un choix : est-il acheteur ou voyageur? S’il est acheteur, il dépose une requête en précisant le produit qu’il souhaite obtenir, le lieu de vente ainsi que la récompense qu’il donne au voyageur. S’il est voyageur, il annonce ses dates de voyages et sa destination ou il répond à l’une des requêtes déjà formulées. « L’objectif de notre site est de mettre en relation deux besoins et d’utiliser l’espace vide des bagages », explique Elsa Jaubert.Lorsque le deal est conclu sur Internet, que le rendez-vous entre les deux acteurs du deal est fixé, l’acheteur paye le prix de l’opération : le montant du produit auxquels s’ajoutent la récompense, les 7 % de rémunération des fondateurs d’eShipp et un euro de frais fixe. La somme d’argent est bloquée sur Paypal et l’acheteur reçoit un code. Le voyageur achète le produit et … voyage. Lors de la rencontre, l’acheteur récupère son produit et donne le code au voyageur. Lequel retourne sur le site, entre le code et voit son compte crédité de la somme restée bloquée.

 

eshipp

Une idée née il y a deux ans

La conceptrice d’eShipp est étudiante en école de commerce en France, à Nantes. Elle a obtenu son bac au lycée Gauguin avant de rejoindre la métropole. L’idée de monter un site d’économie collaborative est née il y a deux ans. « Je suivais un cours entrepreneuriat tandis que sur Facebook je voyais déferler les requêtes du genre : « Si tu rentres est-ce que tu peux ramener un jus de Tahiti? », « Si tu pars, tu peux déposer tel livre? » À entendre mes profs, tout semblait possible on parlait de Steeve jobs et de tous ceux du genre qui ont réussi. Alors je me suis dit pourquoi pas créer mon site? » Mais en réalité, au sortir du cours, les professeurs se sont montrés moins enthousiastes et Elsa Jaubert a mis son projet entre parenthèse. L’an dernier elle a effectué un stage en Californie, non loin de la Sillicon Valley. En discutant avec ses amis américains de son projet elle a entendu des : »Mais tu attends quoi pour te lancer? », « Qu’est-ce qui te retient? ». « Rien », s’est dit l’étudiante. Elle s’est lancée et a monté eShipp. Entre temps, en France, en Belgique et aux États-Unis, trois sites sur le même concept avaient vu le jour. Qu’importe. « Je suis sur un marché de niche que les autres n’ont pas. Aucun n’est en Polynésie. »

33 inscrits

Le site a été officiellement lancé il y a quelques jours. Il compte 33 inscrits. Les requêtes et les offres fleurissent. Mais ce projet est-il règlementaire ? Les douanes répondent ne jamais avoir été confrontées à la situation mais ils estiment que, dans la mesure où les voyageurs respectent les franchises, les déclarations, les formalités particulières, les exigences phytosanitaires il n’y a pas de problème particulier. Quant à la concurrence, « il n’y a pas de réglementations particulières dans le domaine de l’économie collaborative », répond Elsa Jaubert qui reconnaît tout de même prendre des risques. « Nous apportons quelque chose en plus, nous limitons l’usage d’emballages par exemple, en prenant moins de place dans l’avion on réduit la quantité de kérosène, etc. », illustre Elsa Jaubert qui ajoute que : « À terme, j’aimerais que tout cela aille encore plus loin et que les récompenses évoluent. Un acheteur pourrait par exemple offrir une visite de son île, un transit entre l’aéroport et l’hôtel ou la pension. » Tout un concept.

L’économie collaborative selon Elsa JaubertPour la jeune entrepreneuse, une économie collaborative est « une nouvelle façon de penser le commerce et l’économie ». Elle est plus « respectueuse des ressources, elle utilise le vide, l’optimise ». Par exemple, avec Airbnb, elle permet de mettre à disposition de touristes des chambres, un canapé, un lit qui ne serait pas utilisé par un habitant de la ville visitée. Ou bien, avec BlaBlaCar, elle offre un siège de voiture inoccupé à une personne qui n’aurait pas de véhicule. Les utilisateurs rémunèrent les propriétaires de bien « mais dans ces situations on ne créé pas quelque chose de nouveau, on évite le gaspillage, on préserve les ressources ». D’après Elsa Jaubert, l’économie collaborative « est tournée vers le partage ». « Tout est parti d’un village qui a grossi. L’économie s’est mondialisée. L’idée est de retourner à une économie de village en utilisant les outils développés par l’économie mondialisée ».

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