Les arts polynésiens à la Biennale de Paris (Hiro’a N°176 – Juin 2022)

Les arts polynésiens à la Biennale de Paris (Hiro’a N°176 – Juin 2022)

« C’est un grand honneur de partir, de montrer mes tressages à Paris (…). C’est
vraiment une grande ouverture pour moi d’aller rencontrer les artistes, de découvrir
ce qu’ils présentent. Je vais amener le soleil au Grand Palais », explique dans un large sourire Vainui Barsinas. Originaire de Rapa aux Australes, la jeune femme est artisane d’art traditionnel spécialisée dans la vannerie. Elle travaille en particulier le roseau des montagnes, qui ne pousse qu’au sein de son archipel. Vainui Barsinas est avec Ken Hardie, l’une des deux artisans d’art qui vont s’envoler pour Paris et participer à la 5e édition Biennale Internationale des Métiers d’Art et Création qui se tient du 9 au 12 juin. Si les deux autres artistes retenus à l’issue de la sélection ne peuvent hélas pas faire
partie du voyage, leurs oeuvres seront néanmoins également exposées au Grand
Palais éphémère pendant les quatre jours que durera l’événement.

« Le Grand Palais est un écrin très prestigieux  »

Et si Vainui Barsinas a le sourire aux lèvres, elle n’est pas la seule. Le ministre de la Culture et de l’Artisanat et les directrices du Musée de Tahiti et des îles, de la Direction de la culture et du patrimoine ainsi que la cheffe du Service de l’artisanat traditionnel,
qui ont oeuvré conjointement à la concrétisation de ce projet afin de permettre aux artistes et artisans de Polynésie française d’exposer pour la première fois à cette biennale parisienne, l’ont également. « Cela fait des années que l’on travaille sur ce
projet, les premières discussions ont dû commencer il y a au moins sept ans (…). Cela n’a pas toujours été facile, mais on est vraiment très contents que nos artisans puissent enfin exposer leurs savoir-faire à la Biennale internationale des Métiers d’Art et Création. Le Grand Palais est un écrin très prestigieux », note le ministre de la Culture et de l’Artisanat, Heremoana Maamaatuaiahutapu, visiblement très heureux que l’artisanat polynésien puisse être découvert et admiré par un large public en Métropole à l’occasion de la Biennale. Intitulé « Révélations », cet événement, organisé tous les deux ans, est le rendez-vous incontournable qui célèbre la création française et internationale. Pensée et créée par Ateliers d’Art de France, un syndicat professionnel représentant les 281 métiers d’art français, la Biennale est un véritable lieu d’échanges foisonnants, rassemblant les professionnels du marché de la création et les amateurs d’artisanat d’art autour d’oeuvres inédites et de savoir-faire exceptionnels. Plus de 500 exposants sont attendus pour
cette 5e édition.

Une oeuvre commune sera dévoilée

Sélectionnés l’an dernier lors de la venue du commissaire d’exposition de la Biennale, Ken Hardie, Heremoana Buchin, Vaihere Tauraa et Vainui Barsinas, spécialisés dans le travail de la nacre, du bois et du tressage, incarnent à eux quatre la diversité de la richesse de l’artisanat local. Ils proposeront à Paris des oeuvres représentatives de la création artisanale polynésienne contemporaine. Les oeuvres seront présentées à la Biennale dans le cadre de l’exposition internationale « Le Banquet », aux côtés d’oeuvres en provenance d’autres régions ou pays du monde, de la Catalogne, de Chypre, de la Corée du Sud, des Émirats Arabes Unis, du Luxembourg, du Maroc, du
Nigéria, de la Slovaquie ou encore de la Zambie. Au total, ce sont une vingtaine
d’oeuvres qui seront envoyées à Paris, dont une commune réalisée par trois d’entre eux, Vaihere Tauraa, Ken Hardie et Heremoana Buchin. Pour cette pièce, les trois artistes ont retenu la thématique de la couronne ou hei, symbole du lien qui unit l’ensemble des cinq archipels de la Polynésie française. En nacre et bois, l’oeuvre entremêle techniques et symboles, avec l’ambition de représenter la diversité
culturelle de la Polynésie française, mais également sa fragilité. Maintenue secrète,
elle ne sera dévoilée qu’à Paris…

Ken Hardie, tourneur et sculpteur sur bois

« J’y vais pour promouvoir la culture et l’art
polynésiens »

« Je suis très heureux d’aller exposer à Paris, c’est un moment qui ne se produit pas souvent dans une vie d’artiste. J’y vais pour promouvoir la culture et l’art polynésiens, pour montrer que l’on est là, que l’on a un vrai savoir-faire ainsi que des matières et des techniques qui nous sont propres. Cela m’intéresse aussi d’y aller, car cela va me permettre de partager, d’échanger, de découvrir le travail d’autres artistes du monde entier, car il y a des artistes de plus de dix pays différents. C’est un choc de cultures, c’est intéressant d’aller voir ce qui se passe ailleurs. C’est aussi une belle opportunité pour se faire des contacts également. »