Pérenniser l’authenticité et l’intégrité du site
Une opération de restauration du marae Taputapuātea a été menée du 24 avril au 20 mai derniers par l’archéologue Moohono Niva. Plusieurs structures, qui composent l’ensemble classé au patrimoine mondial de l’Unesco, ont été remises en état.
Moohono Niva et deux assistants recrutés à Ra’iatea ont travaillé pendant un mois sur le site classé Tahua Marae Taputapuātea i Opōa pour y remettre en état les différents marae. Situé sur la pointe Atiapiti, en face de la passe Te Ava Mō’a, le site archéologique est fortement soumis aux aléas climatiques comme les pluies, le vent, les vagues et les houles. « Ces structures lithiques fragiles requièrent un entretien régulier car ce sont des constructions en pierres sèches édifiées sans mortier », précise Belona Mou de la Direction de la culture et du patrimoine (DCP). Trois marae sont particulièrement touchés : Hauviri, Hititai et Opu Taina. Construits sur le rivage, ils subissent l’effet conjugué de la houle et du vent. Des travaux de restauration avaient déjà été menés en 2019, mais en 2022, de nouveaux dégâts sont constatés sur plusieurs structures. « Même partiels, ces éboulements ponctuels localisés, ces effondrements de pierres et ces déchaussements menacent l’intégrité des structures. Il était donc nécessaire de procéder à la restauration des monuments endommagés pour éviter une dégradation trop importante. » Et pendant ce mois où Moohono Niva et ses deux assistants s’y sont attelés, ils ont pu constater les menaces climatiques sur le site, ayant eux mêmes dû faire face à des pluies violentes et du vent fort lors d’une vigilance orange début mai.
Un suivi régulier, et pour cause…
Ces travaux de restauration font également partie du plan de gestion en cours d’élaboration, inscrit dans le cahier des charges de l’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco. « L’état de conservation des structures du site est enregistré sur des fiches de suivi à fréquence régulière. Chaque structure fait donc l’objet d’un suivi périodique.» Mais le site a toujours été entretenu : « Composé de monuments en pierres, il demande un entretien régulier comme le faisaient les tupuna de l’ancienne société polynésienne. Les structures ne sont pas figées et requièrent une attention particulière. » Depuis 1933, date des premiers relevés archéologiques par Kenneth P. Emory du Bishop Museum de Hawaii, Taputapuātea a été l’objet de fouilles et de restaurations : entre 1963 et 1965, Kenneth P. Emory et Yoshihiko H.& Sinoto & du Bishop Museum de Hawaii réalisent les premières fouilles, puis en 1968, c’est la première restauration. En 2017, l’Unesco inscrit le « Paysage culturel Taputapuātea » au patrimoine mondial de l’humanité et les sondages, restaurations et fouilles se poursuivent. « La Direction de la culture et du patrimoine opère régulièrement des campagnes de restauration pour maintenir la bonne conservation du site. Elles sont toutes dirigées par des archéologues afin de pérenniser l’authenticité et l’intégrité du site. » D’autres missions sont d’ailleurs attendues notamment pour la restauration d’autres structures composant le site comme Oputeina, Maui, Turi, le paepae Opunui et le paepae Tore.
Document à télécharger
« Pérenniser l’authenticité et l’intégrité du site » (Hiro’a N°187 – Juillet 2023)