Le surf : histoire, origine et légendes

Rencontre avec James Tuera de la cellule des médias culturels et de la communication de la Direction de la culture et du patrimoine. Texte : Lucie Rabréaud –
Illustration : DCP

Après les livrets de légende et ceux consacrés à différents arts de la culture polynésienne, voici un nouveau carnet initié par la Direction de la culture et du patrimoine (DCP) consacré cette fois au surf. Un thème incontournable eu égard à la compétition olympique qui va se dérouler à Teahūpo΄o dans quelques mois.

Le surf, des origines aux JO, c’est le titre de ce tout nouveau livret édité par la Direction de la culture et du patrimoine (DCP), qui sort régulièrement ce format dédié à des sujets polynésiens. Il s’agit de donner des explications pratiques, historiques, informatives, sur un thème en particulier comme une plante ou les chants, ou encore faire connaître des légendes d’un district ou d’une île. Distribués dans les écoles ou encore au grand public lors d’événements, ils sont également disponibles gratuitement sur le site de la DCP (www.service-public.pf/dcp).

Avec l’organisation de l’épreuve de surf des JO à Teahūpo΄o, cette discipline devenait un sujet incontournable pour la DCP. « Le choix s’est porté sur ce thème dès lors que nous avons une compétition olympique qui se déroule chez nous, plus précisément à Teahūpo΄o dans les mois qui suivent. Il était évident que ce travail devait être fait pour la promotion de ce sport. Disputer les épreuves de surf à Teahūpo΄o met des athlètes du monde entier face à un défi car nous connaissons la valeur de cette vague mythique, “Pererūrē” qui est le nom de la zone précise du reef où les vagues se cassent. Surfer sur les vagues ne date pas d’aujourd’hui. Depuis des temps immémoriaux, les Polynésiens pratiquaient l’art du hōrue, qui concernait toutes les catégories de la population », explique James Tuera de la cellule des médias culturels et de la communication de la DCP, auteur de ce livret.

Repères culturels

Comme pour les précédentes éditions de livrets, les objectifs de la DCP sont « d’apporter un maximum d’informations et surtout favoriser un égal accès de tous les jeunes, ici, à l’art du sport, en s’appuyant sur des connaissances qui permettent l’acquisition de repères culturels. C’est aussi un outil pour permettre à nos jeunes d’acquérir, de s’approprier leur culture portée par la connaissance, et de comprendre que chaque terme, que nos aïeux ont pensé et travaillé, veut dire beaucoup de choses ».

En introduction, le livret rappelle que les Polynésiens étaient des experts en navigation, leur connexion à l’océan était forte et « ses composantes actives, la houle et les vagues, dénotaient un rôle symbolique majeur ». Il commence par l’histoire du surf, un sport pratiqué sur des planches en bois, parfois avec des pagaies comme sur les pirogues. « Les Polynésiens démontraient une grande adaptation à l’élément marin, un amusement pour certains natifs qui considéraient l’océan comme un terrain de jeu, un excellent moyen de se divertir. » Un divertissement mais aussi un prétexte à un enseignement lié à la glisse. Le livret aborde également l’étymologie du terme hōrue : hō exprime la vitesse, la vélocité, aller vite, filer rapidement ; rue se rapporterait aux tremblements, vibrations, secousses, qui peuvent être associés aux remous et tangage de la surface de la mer.

Un travail collectif

L’auteur aborde ensuite l’histoire de ce sport avec sa place à Hawaii, la fabrication des planches, ses origines, fait un court portrait de Duke (Paoa Kahinu Kahanamoku né en 1890 à Honolulu), personnalité incontournable du surf, et indique différentes méthodes pour estimer la hauteur des vagues. « Nous avons voulu partir d’une introduction qui parle du hōrue en général, et donner des bases faciles à comprendre pour tous les lecteurs. » Plusieurs personnalités
de la culture ont participé, comme la linguiste Hiriata Millaud. « Ce livret est le résultat d’un travail de recoupements, de recherches, de documentation que l’on a compilés pour faciliter la lecture. J’ai travaillé sur la plus grande partie des textes, et Jean-Philippe Martin a rajouté sa vision journalistique. Nous avions une même vision de ce livret, il fallait qu’il soit sobre, et surtout que les textes soient traduits en tahitien et en anglais. »

Se souvenir des légendes

D’une quarantaine de pages au total, le livret se termine sur une compilation de plusieurs légendes, notamment celle de Vēhiātua, la surfeuse qui a marqué l’histoire de Teahūpo΄o, ou encore celle de Hinaraure΄a. « C’est la cerise sur le gâteau. Il est opportun de ramener ce livret avant tout à la base de la tradition orale, que chaque jeune surfeur, que chaque Polynésien puisse s’approprier, encore une fois, sa culture. Qu’ils sachent que Vēhiātua i te mata΄i a marqué l’histoire de  Teahūpo΄o, que Hinaraure΄a, surfeuse, était aimée d’un animal mythique, la chenille. Nous savons que chaque famille polynésienne a un ou plusieurs tāura, l’esprit d’un défunt qui peut apparaître sous diverses formes. »

Ce livret sera distribué dans les écoles car ce travail de recherches et de connaissances est avant tout dédié aux élèves. Puis mille exemplaires seront distribués sur le site de Teahūpo΄o gratuitement, en partenariat avec le comité olympique, et enfin, il sera téléchargeable sur le site de la Direction de la culture et du patrimoine. ◆