L’eau, source de vie, est une ressource inestimable et stratégique, tout particulièrement dans nos petits territoires insulaires qui sont fortement exposé à des risques de pénurie ou de pollution anthropique (d’origine urbaine, industrielle ou agricole).

La gestion de l’eau est ainsi une thématique environnementale capitale en Polynésie française et particulièrement dans les îles les plus peuplées, dans lesquelles se sont développées des activités économiques fortement consommatrices de cette ressource.

Le cycle de l’eau

L’eau est l’élément indispensable à toute forme de vie. Le volume d’eau présent sur notre planète n’a pas varié depuis l’apparition des premiers êtres vivants jusqu’à aujourd’hui.

Le cycle naturel de l’eau, encore appelé « grand cycle de l’eau », est illustré ci-après
( -> télécharger l’affiche).

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=FNSCjE6VvZU]

Après avoir été prélevée, l’eau subit un traitement plus ou moins complexe pour devenir potable. Après utilisation, les eaux sont dites « usées », car elles contiennent des éléments polluants ; elles doivent donc être traitées avant d’être restituées à la nature, on parle de l’assainissement des eaux usées.

Le film suivant illustre le cycle domestique de l’eau ou « petit cycle de l’eau » en Polynésie française
(-> télécharger l’affiche).

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=HsZth7yIbfs]

Les usages de l’eau dans nos îles

Au Fenua, l’eau est utilisée pour la production d’eau potable et d’énergie, pour l’agriculture et l’élevage, ainsi que dans diverses industries.

La consommation en eau est variable selon les îles et les communes :

  • Pour l’eau potable :
    • moins de 150 litres par jour et par habitant dans les atolls
    • de 250 à 350 litres par jour et par habitant dans les communes facturant l’eau au compteur
    • de 1 500 à 2 000 litres par jour et par habitant dans les communes ne facturant pas l’eau au compteur.
  • Pour les autres usages :
    la consommation d’eau n’est pas connue (non mesurée ou données non consolidées).

Les eaux souterraines

En Polynésie, l’eau destinée à la consommation humaine provient :
- des sources et rivières,
- du sous-sol, où elle est puisée par des forages ou des galeries drainantes,
- de l’eau de mer, par désalinisation ou osmose,
- de la pluie, dans les atolls où l’eau est récupérée sur les toitures et stockée dans des citernes.

Les eaux souterraines, qui sont stockées sous la forme de nappes d’eau souterraine dans les îles hautes, et de lentilles d’eau douce dans les atolls. constituent la principale ressource en eau depuis plus de 50 ans, car elles sont naturellement de bonne qualité.

Elles sont exploitées par 67% des communes (32 communes sur 48). sous la forme de forages, qui constituent 74% des captages recensés (222 ouvrages sur 301).

Malheureusement, elles sont aussi très vulnérables aux contaminations liées à l’activité humaine : produits dangereux issus des décharges, rejets d’eaux usées en provenance des habitats ou des activités économiques, pesticides ou engrais…

Les dernières études concernant les eaux souterraines en Polynésie française remontent à 1969 et 1988 (plus précisément sur Tahiti), soit plus de 30 ans.

Depuis Mars 2016, un programme de connaissances des ressources en eau souterraine a été lancé avec le BRGM pour mieux connaître l’eau et donc mieux la gérer et la protéger pour permettre un développement durable du Pays.

Ce programme, cofinancé par l’Etat au travers du Contrat de Projets 2008-2014, a porté sur :

  • la réalisation des inventaires des données sur l’eau de 8 îles : Moorea, Maiao, Rangiroa, Makatea, Ua Pou, Raiatea, Taha’a et Huahine ; (le rapport est consultable ici : lien vers le rapport)
  • la réalisation d’études hydrogéologiques détaillées des îles de Moorea, Ua pou et Rangiroa, qui connaissent des difficultés d’approvisionnement en eau potable de leur administrés
  • la réalisation d’études hydrogéologiques détaillées des vallées de Papeno’o et Punaru’u dans le but de nourrir leur futur schéma directeur des rivières idoines
  • la création d’un système d’information et de gestion de l’eau en Polynésie française
  • Et enfin une consolidation des connaissances techniques et juridiques sur la gestion de la ressource en eau au bénéfice des gestionnaires des services du Pays et des communes, par le biais notamment de formations dispensées par les hydrogéologues experts du BRGM  (télécharger les supports de formation).

Un réseau de surveillance de la qualité des eaux souterraines a également été mis en place autour de l’île de Tahiti. Ce réseau est constitué de 9 sources (dont le bain de la Reine et le bain Vaima), d’un forage situé dans la vallée de la Punaru’u et des grottes de Maraa. Les analyses effectuées démontrent une absence de contamination par les pesticides des points d’eau suivis, excepté pour le bain de la Reine.

L’ensemble des rapports est consultable dans la section PARTAGER du site.

Les rivières

Les rivières sont des exutoires naturels, traits d’union entre les vallées et le lagon.

Afin de compléter les connaissances sur l’état des cours d’eau des Iles du vent et de quantifier les impacts des différentes pressions qu’elles subissent, un diagnostic environnemental portant sur 79 d’entre elles a été réalisé entre 2015 et 2018.

La carte ci-après rend compte de l’état de santé des rivières étudiées.

Le diagnostic est sans appel et particulièrement inquiétant, avec les résultats suivants :

  1. Rivières dont l’état de santé est bon, à préserver : 10 %
  2. Rivières présentant un un état de santé moyen, à restaurer : 51 %
  3. Rivières fortement dégradées, qui doivent faire l’objet d’une réhabilitation : 39 %

L’état de dégradation de certaines rivières est tel qu’un retour à un bon état hydro-écologique est fortement compromis. Tel est le cas notamment pour la partie aval de la PAPEAVA, l’embouchure de la MATATIA ou encore l’aval de la PUNARUU.

Les sources de dégradations et leurs impacts associés

Des prospections effectuées, il apparaît que les sources de dégradations des rivières sont systématiquement d’origine anthropique.

Elles sont en partie liées à des usages ou/et pratiques individuelles mais, plus communément, à des interventions volontaristes de l’homme, localisées géographiquement ou développées à grande échelle (programmes d’aménagement), qui impactent directement la qualité ou la quantité d’eau ou la morphologie de la rivière.

Sur la quasi-totalité des rivières étudiées des iles de Tahiti et Moorea, le diagnostic est identique et le suivant :

  • Atteintes à la qualité de l’eau, liées aux sources de dégradations suivantes :
    • rejets d’eaux sales ou usées
    • lixiviats de décharges
    • pesticides et engrais (agriculture)
  • Atteintes au régime hydrologique, liées aux sources de dégradations suivantes :

    • Captages/prélèvements
    • Exutoires d’eaux de ruissellement (eaux pluviales, eaux usées).
  • Atteintes à la configuration physique (modification du lit), liées aux sources de dégradations suivantes :

    • curages
    • extractions en lit majeur
    • endiguements
    • rectifications/recalibrages
    • protections de berge
    • ouvrages transversaux
    • couvertures
    • remblais de l’espace cours d’eau.

La superposition de plusieurs sources de dégradations amplifie de façon conséquente le nombre et la gravité des impacts associés.

Le plan d’actions rivières

Suite à ce diagnostic environnemental, un plan d’actions rivières a été mis en place pour harmoniser les actions des services du Pays intervenant sur cette thématique.

La Direction de l’environnement pour sa part mène des actions visant à la préservation des milieux naturels autour des rivières, telles que :

  • le nettoyage des lits et berges de rivières
  • la sensibilisation de la population aux bonnes pratiques autour des rivières pendant la saison des pluies
  • l’élaboration de schémas directeurs dans l’objectif de réhabiliter ou de préserver certaines rivières
  • une étude socioculturelle sur l’ensemble des rivières de Tahiti et Moorea.