Les milieux naturels

La répartition des formations végétales entre archipels est très variable du fait des caractéristiques écologiques spécifiques à chaque archipel ou à chaque île (climat plus sec et chaud aux Marquises, plus humide et frais aux Australes, substrat corallien dans les atolls des Tuamotu).

Sur une même île, l’étagement de la végétation, depuis les groupements de basse altitude jusqu’aux groupements sommitaux, sont fonction des conditions climatiques (pluviométrie et température). S’y ajoute une végétation de type azonale, fonction des conditions environnementales très locales, comme les formations marécageuses.

Dans le tableau ci-dessous ont été reportées les séries écologiques de la végétation azonale et zonale

Source : F. Jacq, 2014

Végétation

Série écologique

(J.Florence, 1993)

Pluviométrie

Hygrométrie

Etage (Papy,1948)

Azonale

Littoral

<2m/an

Xerotropical (<2m/an)

Para-littoral
supra-littoral

Zonale

Xérophile – sèche

<2m/an

Mésophile – semi-sèche

<3m/an

pluviotropical (>2m/an)

Hygrophile – humide

>3m/an

Ombrophile – « forêt de nuages »

>3m/an

Hygrométrie élevée, entretenue par une ceinture nuageuse diurne d’origine orographique

*

Les données sur la végétation sont encore largement éparses et incomplètes sur l’ensemble de la Polynésie française. Néanmoins, l’essor cette dernière décennie des inventaires floristiques et des Systèmes d’Information Géographique (SIG) ont permis d’améliorer considérablement les connaissances sur la végétation du Pays. Actuellement, 17 îles hautes et 10 atolls ont fait l’objet d’une carte de végétation de l’île entière ou partiellement contre 13 au total en 2006. Ces cartes sont généralement conçues pour les gestionnaires des espaces naturelles (Direction de l’environnement), pour les plans d’aménagement (SDR-FOGER ; PGA – SAU), ou les associations de protection de l’environnement notamment pour des plans de conservation d’oiseaux menacés (SOP Manu, ARSH-EIAO) ou pour la Recherche en télédétection (Gepasud, CIRAD).

Si les plantations forestières sont relativement bien connues, aucun inventaire forestier global n’a jamais été lancé en Polynésie française, seulement sur quelques domaines forestiers souvent disparates (Raiatea : Faaroa ; Nuku Hiva : Bambridge & Terre-Déserte Nord), limitant notamment la connaissance concernant les forêts primaires et secondaires (Defranoux, 2010).

En 2010, à la demande du Service de l’Urbanisme (programme ARAI3), avec l’appui technique du BRGM, une synthèse des formations végétales déjà recensées a été réalisée afin d’étudier l’influence de la végétation sur la stabilité des terrains en Polynésie française (Sedan et al, 2013). Cet inventaire a été réalisé sur 28 îles ou îlots, où des mouvements de terrain de versant sont redoutés. Pour ce faire, une synthèse exhaustive de la bibliographie a été faite et complétée, dans la mesure du possible, par d’autres observations de terrain.

Les unités de végétation

Au total, 190 unités de végétation ont ainsi été répertoriées sur les 28 îles hautes de 3 grands archipels (Société, Marquises, Australes-Gambier).

Certaines formations végétales sont équivalentes d’un archipel à un autre (même plantes dominantes) mais diffèrent souvent par plusieurs taxons endémiques à l’archipel présent en sous-bois. Près de la moitié des formations végétales recensées sont des forêts, contre un tiers pour les atolls.

Parmi les 190 unités de végétation recensées :

25 sont considérées comme « nuisibles ». Cette dénomination se base sur les arrêtés qui déterminent les espèces « menaçant la biodiversité en Polynésie française » qui sont les taxons dominants de ces formations généralement paucispécifiques (arr. n° 1301 CM du 15/11/2006). Les habitats nuisibles les plus connus sont les forêts à Pisse-pisse ou Tulipier du Gabon (Spathodea campunulata), à Miconia calvescens, à Faux Pistachier (Syzygium cumini) et à Faux-acacia (Leucaena leucocephala).

38 formations végétales des îles hautes sont considérées comme « patrimoniales » du fait de sa composition presque exclusive d’espèces (flore et faune) patrimoniales (endémiques, protégées) ou indigène voir de la physionomie remarquable de cette formation (ex. forêt cathédrale à Pisonia).

Répartition des unités de végétation par statut et par archipel

Anthropisé  Envahissant Indigène Naturalisé Nuisible Patrimoniale Total
Société 12 21 12 16 19 80
Marquises 8 4 14 9 8 12 55
Australes-Gambier 13 21 8 6 7 55
Tuamotu 5 1 18 1 2 4 31
Total 33 4 56 29 30 38 190

*

Nuisible: Habitat qui prolifère au détriment de la végétation naturelle, dont son ou ses taxons dominants sont classés comme « menaçant la biodiversité en Polynésie française » par la législation en vigueur (arr. n°1301 du 15/11/2006)

Envahissant : Habitat qui prolifère au détriment de la végétation naturelle, mais sans que son ou ses taxons dominants ne soient classées comme « menaçant la biodiversité en Polynésie française

Naturalisé : Habitat anthropique dont la plante dominante est une espèce introduite qui s’est naturalisée (capable de se reproduire et de se disséminer sans l’aide de l’homme) sans pour autant être envahissant

Anthropisé : Habitat dont les plantes dominantes sont plantées et entretenues par l’homme

Indigène : Habitat naturel, composé majoritairement d’espèces indigènes sans abriter particulièrement une ou plusieurs espèces patrimoniales (flore et faune)

Patrimoniale : Habitat naturel composé (presque) exclusivement d’espèces (flore et faune) indigènes et patrimoniales (endémiques, protégées).

Le large

Avec une superficie de plus de 5 millions de km², la Zone Economique Exclusive (ZEE) polynésienne est la deuxième du Pacifique Sud.

Les eaux de la ZEE sont sous l’influence de deux « systèmes » océanographiques majeurs aux caractéristiques très différentes : le grand gyre du Pacifique Sud et l’upwelling équatorial.

Les eaux qui baignent les archipels polynésiens sont marquées par une forte structuration verticale, essentiellement contrôlée par le facteur thermique, et se présentent comme une superposition de couches homogènes d’une grande stabilité, rendant difficiles et lents les échanges verticaux ; des variations interannuelles de plus grandes ampleurs peuvent néanmoins se produire (phénomène ENSO, cyclones …).

Quatre grandes « régions océanographiques » aux caractéristiques différentes peuvent ainsi être définies.

– La zone sous influence équatoriale (1) : nord Marquises, soumise à l’influence directe de l’upwelling équatorial et du courant équatorial sud ;

– La zone de transition (2) : sud Marquises semble marquer la transition entre la couche euphotique tropicale très oligotrophe au sud et les eaux plus riches alimentées par l’upwelling au nord ;

– La zone tropicale stricto sensu (3) : Société – Tuamotu nord et est, sous l’influence du grand gyre du Pacifique Sud. présente une couche superficielle de mélange à salinité très élevée et des teneurs en sels nutritifs dissous extrêmement basses ;

– La zone subtropicale (4) : Australes, aux eaux de surface plus froides, marque le passage progressif des eaux tropicales aux eaux subtropicales.

Les monts sous-marins

Il existe plusieurs monts sous-marins dans la ZEE de Polynésie française et certains d’entre eux ont été explorés : monts sous-marins Rigault de Genouilly (archipel de la Société), du Lotus (archipel des Australes), le mont Raivavae, le Banc Président Thiers (archipel des Australes) ainsi que 4 hauts fonds situés à l’ouest des Tuamotu et à l’ouest des Îles Sous-le-Vent.

Les récifs coralliens

Les récifs coralliens constituent un écosystème côtier intertropical d’une extrême richesse spécifique, à l’égal des forêts tropicales humides, et sont d’une grande productivité.

Il s’agit du seul écosystème dont les organismes vivants, les madréporaires (ou coraux), élaborent leur propre squelette, à partir duquel va se développer une communauté très riche en espèces. Tous les groupes zoologiques d’invertébrés y sont représentés, qu’il s’agisse des communautés benthiques (qui vivent à proximité du fond), nectoniques (qui vivent dans la colonne d’eau et qui s’y déplace activement) et planctoniques (qui vivent dans la colonne d’eau et qui s’y déplace passivement).

Les principaux embranchements sont les cnidaires (coraux, méduses, etc.), les spongiaires (éponges), les mollusques (bénitiers, poulpes, etc.), les échinodermes (oursins, concombres de mer, étoiles de mer, etc.), les crustacés (langoustes, crabes, squilles, etc.), les vers, qui peuvent être représentés par des milliers d’espèces dans un seul récif de quelques hectares. Phanérogames (plantes à fleurs et à graines), algues et poissons sont tout aussi bien représentés.

Si la richesse de la flore et de la faune récifales de Polynésie n’est pas très élevée, en comparaison avec d’autres régions du monde, et si certains habitats associés aux récifs sont totalement absents ou secondairement représentés (mangroves, vasières, herbiers…), en revanche les archipels et atolls polynésiens sont parmi les plus belles édifications récifales du Pacifique.

Les formations récifales sont caractérisées par une rare diversité géomorphologique (récifs frangeants, récifs barrières, différents types d’atolls depuis les atolls ouverts aux atolls fermés et même un atoll soulevé, bancs récifaux). Ces formations, en particulier dans l’archipel de la Société, illustrent de façon spectaculaire la théorie de la formation des atolls, depuis le volcan à peine colonisé par les coraux (Mehetia) jusqu’à l’atoll. L’archipel des Tuamotu, avec quelques 80 atolls, compte près de 20% des atolls du monde. Les archipels des Tuamotu et de la Société présentent un intérêt « historique » puisqu’ils furent les premiers sujets d’étude de Darwin sur la géomorphologie des récifs coralliens et l’évolution.

Les archipels sont très différents : îles hautes à différents stades et atolls dans l’archipel de la Société, atolls dans l’archipel des Tuamotu, récifs et atolls des Gambier ou des Australes. Seules les Marquises n’ont pas de récifs coralliens vraiment développés et le milieu récifal y est très particulier. Ces îles hautes ont une origine volcanique, chacune constituée par un ou plusieurs anciens volcans et une caldeira en partie effondrée. Il existe cependant plusieurs constructions coralliennes isolées et quelques formations récifales, à Nuku-Hiva (baie de Taiohae, Tai Oa, du Contrôleur, Anaho, Hatiheu, Haapo), à Ua Huka (baie de Hane) et des communautés récifales présentes le long des pentes abruptes des îles, ainsi que des formations à recouvrement d’algues encroûtantes. Plusieurs bancs récifaux s’étendent également autour des îles. Diverses études confirment par ailleurs l’existence de structures morphologiques ennoyées : présence d’une plateforme sous-marine (aux alentours de 80m de profondeur) autour des îles Marquises qui correspondrait à un récif barrière ennoyé et de plusieurs terrasses sous-marines récifales (de 55 à 120 m de profondeur) ainsi que de grandes plateformes se prolongeant parfois très au-delà des îles actuelles (comme à Eiao) qui s’avèrent être de vastes étendues de banquettes et bancs récifaux fossiles ; les études montrent que dans le passé (probablement au Quaternaire terminal), l’extension des formations récifales aux Marquises était probablement plus importante que de nos jours. (Cabioch, 2006).

Les pressions sur ces milieux

Les milieux naturels terrestres de Polynésie française subissent de nombreuses atteintes quand bien même elles se révèlent parfois accidentelles. Les pressions qui s’exercent sont liées essentiellement à l’homme : développement économique, croissance démographique, urbanisation, introduction de nouvelles espèces, pollution, etc. Elles entraînent une destruction des milieux naturels, une modification des écosystèmes et contribuent ainsi à réduire et à morceler les habitats naturels, menaçant les espèces indigènes et endémiques et pouvant même aller jusqu’à causer leur disparition.

La destruction et le morcellement des habitats

Les défrichements pour la mise en culture des sols ; l’urbanisation pour la construction de logements, la réalisation de routes, etc. ; l’exploitation de carrières pour obtenir des matériaux de constructions ; les grands travaux d’aménagements (terrassements, remblais, équipements aéroportuaires, etc.) entraînent une destruction ou une dégradation du milieu naturel et contribuent ainsi à la perte de biodiversité et à la régression de certaines populations.
Par exemple, l’urbanisation de la zone littorale de l’île de Tahiti a conduit à la régression de l’habitat naturel du héron strié Butorides striata, entrainant ainsi une diminution des effectifs de la population de cet oiseau. « Les incendies, fréquents, volontaires ou accidentels ont fait disparaître des zones forestières occupées aujourd’hui par la lande à fougères anuhe (Dinacropteris linearis) ou la lande à « roseaux » (Miscanthus floridulus).

Il s’agit souvent des feux courants, brûlant les sous bois. Ces feux favorisent la multiplication des pins au détriment des espèces indigènes et conduisent à la disparition d’espèces endémiques (exemple de Rapa) ; les feux répétés ne permettent pas à la végétation de se reconstituer. » (Etat de l’environnement de la Polynésie française, 2007).

La destruction de fragments d’un milieu naturel entraîne un morcellement de ce dernier. Elle peut empêcher le déplacement normal de certaines espèces, limiter voire interdire la circulation des individus, limitant ainsi les échanges entre individus d’une même espèce et pouvant mener à terme à l’extinction d’une espèce (barrière à la reproduction).

Les espèces introduites envahissantes

L’introduction d’espèces envahissantes animales ou végétales est une des premières causes de la perte de la biodiversité dans les îles. En effet, les espèces insulaires ont évolué dans un contexte favorable à leur survie (absence de prédateurs, de compétiteurs, de maladies) et leur population et leur aires géographiques sont limitées. Ces deux constats les rendent vulnérables face aux espèces introduites car elles sont moins compétitives et sont donc menacées de disparaître face aux espèces invasives.

Le rat noir Rattus rattus par exemple, est une espèce nuisible qui a entrainé la disparition et menace aujourd’hui plusieurs espèces d’oiseaux.

Il constitue également une menace pour des espèces végétales comme le santal dont il consomme les graines.
En modifiant les peuplements, le milieu naturel est également touché (augmentation des risques d’érosion par exemple, modifications des sols, des ressources en eau, etc.).

La pollution des milieux

La pollution des milieux naturels a des origines multiples : rejets des eaux usées domestiques non traitées, activités agricoles et d’élevages (lisiers, pesticides, engrais, etc.), rejets industriels, ordures ménagères déposées dans la nature (décharges sauvages), etc., qui portent atteinte à la qualité des eaux, de l’air, du sol, dégradant ainsi les milieux naturels et mettant en péril la survie des espèces animales et végétales.

La surexploitation des ressources

La collecte, la pêche et la chasse représentent une menace pour de nombreuses espèces qui font partie du patrimoine naturel Polynésien.
De nombreux exemples de disparition ou de réduction de la taille de certaines populations d’espèces animales et végétales existent en Polynésie.

Ainsi, bien que réglementé sur le territoire depuis 1971 en vue de les protéger, les tortues marines sont toujours régulièrement capturées pour la consommation de leur viande. Ces actes de braconnage conduisent à une diminution des stocks.
Les collectes d’œufs et de poussins d’oiseaux marins sont encore réalisées à plus ou moins grande échelle aux Tuamotu et aux Marquises.
La cueillette intensive de la tiare apetahi de Raiatea a conduit en moins de 10 ans à une chute importante des effectifs de la population, il en est de même pour certains arbres, dont le bois est utilisé en artisanat (le santal ou Santalum insulare, le miro ou Thespesia populnea, le tou ou Cordia subcordata, etc.).

Les récifs coralliens de Polynésie française sont de véritables oasis de vie. Ces milieux sont riches mais néanmoins fragiles. Ils subissent des pressions naturelles et des pressions liées aux diverses activités humaines.

Les cyclones

La Polynésie française a été touchée à de nombreuses reprises par des cyclones, même si la fréquence de ces derniers est faible par rapport à d’autres régions du monde.

Les dégâts qu’ils entrainent sont liés à l’action des vagues et des courants qu’ils engendrent, lesquels provoquent une destruction mécanique du récif, par la fragmentation, le déracinement et l’effondrement de blocs coralliens.

De plus, les fortes pluies qui sont associées à ces phénomènes ont également des effets négatifs importants sur les récifs, par les particules de terre, les arbres, ou encore les grandes quantités d’eaux douces qui une fois parvenues au niveau des récifs étouffent les coraux ou génèrent des phénomènes de blanchissement.

Par le passé, plusieurs cyclones ont provoqué des dégâts au niveau des récifs de certaines îles. A titre d’exemple, on peut citer :

  •  ceux de 1983 (Nano, Orama, Reva et Veena) qui ont entrainé une « destruction du couvert corallien des pentes externes de 80% et de 40% respectivement à Tikehau et à Takapoto » (Salvat et al. 2008) ;
  •  les cyclones « Martin et Osea en 1997 sur Raiatea et Bora Bora ainsi que le cyclone Veli en janvier 1998 sur Mataiva et Tikehau, qui ont fait d’important dégâts » (Salvat et al. 2008).

Les proliférations d’étoiles de mer épineuses (Acanthaster planci ou “taramea”)

Les étoiles de mer épineuses appelées “taramea” en Polynésie française sont des espèces naturellement présentes au niveau des récifs coralliens mais à de faibles densités. Elles constituent une menace pour les récifs coralliens lorsque leurs populations explosent, pouvant  atteindre des densités de plusieurs individus par m². En effet, cette espèce peut entrainer une diminution très importante de la couverture de corail vivant car elle se nourrit des polypes des coraux.

Les causes de la pullulation des étoiles de mer épineuses sont encore mal connues. Toutefois plusieurs hypothèses ont été émises par les scientifiques : fluctuation naturelle, pollutions des eaux qui favoriseraient la survie des larves de ces animaux, disparition de ses prédateurs naturels comme le triton (Charonia tritonis).

Plusieurs explosions démographiques de cette espèce ont été recensées en Polynésie française, en 1969, au début des années 1980 et de 2006 à aujourd’hui au niveau des îles de Tahiti, Moorea, Raiatea Tahaa et Bora Bora.

Afin de lutter contre les “taramea”, plusieurs actions de collecte ont été menées par le biais d’associations comme Reefcheck Polynésie, des associations de protection de l’environnement, de pêcheurs, etc. Elles ont été soutenues financièrement par la Direction de l’environnement. Certains personnels ont également utilisé des seringues permettant l’injection de bisulfate de sodium.

Les remblais et constructions sur les récifs

Les remblais littoraux servent à gagner du terrain sur la mer. Ils sont responsables d’une destruction du récif. Ils perturbent également les courants.

Un exemple édifiant de destruction de récif par la création d’un remblai, est celui réalisé pour la construction de l’aéroport international de Tahiti sur la commune de Faa’a, qui a entrainé la destruction d’une partie du récif frangeant de la zone.

De nombreux remblais sont réalisés en Polynésie française, avec ou sans autorisation, détruisant de nombreux récifs frangeants qui ont pourtant un rôle important au niveau écologique, ces zones servant de nurseries à de nombreuses espèces de poissons.

Les dragages et les extractions de matériaux coralliens

Les dragages et les extractions de matériaux coralliens ou « soupe de corail » sont effectués pour la production de matériaux de construction pour les routes, la réalisation d’aménagements maritimes ou portuaires, etc.  Ils sont responsables de la destruction des récifs coralliens.

En Polynésie française, ils ont entrainé la dégradation de nombreux habitats coralliens qui, dans la grande majorité des cas, n’ont pas fait l’objet de mesures de restauration.

« Plus de 5 millions de m3 extraits des zones frangeantes de Moorea et de Tahiti indiquent l’ampleur des dommages écologiques causés aux récifs » (Salvat et al., 2008)

La sédimentation terrigène

L’apport de sédiments au niveau des littoraux et des récifs frangeants résulte de l’érosion mécanique des sols sous l’action des fortes pluies. Ce phénomène appelé  « hypersédimentation de matériel terrigène » est accentué par les travaux d’aménagements (terrassements liés à l’urbanisation, préparation des sols pour la pratique de l’agriculture, construction d’infrastructures comme les routes, etc.) qui conduisent à la mise à nu du couvert végétal,  facilitant ainsi l’érosion.

L’hypersédimentation de matériel terrigène entraine une modification du profil du littoral et une dégradation des récifs coralliens. En effet, il peut provoquer la mort par étouffement des coraux, ou altérer la symbiose qui s’opère chez les coraux par une diminution de la quantité de lumière disponible liée à l’augmentation de la turbidité de l’eau.

La pollution des eaux

Les pollutions domestiques, agricoles et industrielles peuvent entrainer différents types de nuisances risquant d’affecter les récifs coralliens.

Par exemple, l’enrichissement en sels nutritifs des eaux des lagons est favorable à la multiplication des algues et défavorable aux coraux.

La mise en place du Réseau Territorial d’Observation (RTO) a permis de mettre en évidence,  essentiellement sur l’île de Tahiti, des phénomènes de pollution des eaux par les détergents, les métaux lourds et les pesticides. Ces phénomènes affectent essentiellement les zones urbaines.

L’exploitation des ressources marines

L’utilisation de certaines méthodes de pêche peut entrainer des dégradations des récifs coralliens par la destruction des habitats. Il s’agit par exemple de la pêche au filet, de la pêche au caillou, etc. Certains espèces sont également surpêchées (diminution de quantité des prises, de la taille des espèces et raréfaction de certaines espèces) au niveau de certaines îles, pouvant de ce fait engendrer une modification des peuplements.

Le tourisme et les activités de loisirs

Le tourisme a des impacts résultant de l’aménagement des infrastructures touristiques (construction d’hôtels, de marinas, de chenaux de navigation, etc.) et à la pratique de certaines activités (piétinement des récifs, bris de coraux, collecte des certains organismes comme les coquillages et les coraux, etc.).

Les symptômes de perturbations

Blanchissement

Le blanchissement des récifs coralliens est dû à une augmentation de la température des eaux. En effet, lorsque la température de l’eau augmente, les coraux stressés libèrent leurs algues symbiotiques (les zooxanthelles) et perdent ainsi leur couleur. Si le phénomène est de forte amplitude ou dure longtemps, les coraux meurent.

En Polynésie française, « des phénomènes de blanchissement corallien sont intervenus à plusieurs reprises au cours des dernières décennies (1983, 1984, 1987, 1993, 2002 et 2003) mais avec une mortalité moindre qu’en 1991 et plus localisée. Le blanchissement de 1991 a été très dommageable pour les récifs coralliens avec une mortalité à Moorea d’une colonie sur cinq. » (Salvat et al., 2008)

Maladies

Plus de 29 maladies touchant les coraux ont été décrites depuis les années 1970 (aspergillose, maladies des bandes blanches, maladies des bandes noires, etc.). Ces maladies sont dues à divers agents pathogènes comme des champignons, des bactéries ou encore des virus.

Depuis plusieurs années, ces maladies semblent plus fréquentes et affectent plus de 150 espèces de coraux dans les Caraïbes et la zone Indo-pacifique. Aucune de ces maladies n’a été observée en Polynésie française à ce jour.

Ciguatera

La ciguatera est une intoxication alimentaire provoquée par l’ingestion de poissons de récifs coralliens contaminés, habituellement comestibles et en parfait état de fraîcheur.

Les démangeaisons et les sensations de picotements aux extrémités qu’elle peut provoquer ont valu à la ciguatera le surnom de « gratte ».

Pour en savoir plus sur la ciguatera ou connaître la liste des espèces de poissons qui sont généralement impliqués dans ce type d’intoxication alimentaire en Polynésie française, consultez le site de l’Institut Louis Malardé.

Les proliférations phytoplanctoniques

Le phytoplancton est constitué d’algues pouvant proliférer dans certaines conditions, et susceptibles de générer une mortalité de certains organismes présents à ces endroits, car ils entrainent notamment un appauvrissement du milieu en oxygène.

En Polynésie française, ces événements semblent peu fréquents et ne se produisent que dans des milieux plus ou moins confinés (lagons dont les eaux communiquent peu avec l’océan).

Plusieurs événements de ce type ont été observés comme à Bora Bora en 2002, à Tetiaroa en 1983, mais le plus important a été celui qui s’est produit dans le lagon de l’atoll de Hikueru en 1994, qui a provoqué une mortalité importante chez plusieurs organismes marins comme les bénitiers, les holothuries, les coraux, les poissons, etc.

Les espaces protégés

51 espaces naturels sont classés selon le code de l’environnement au sein des 6 catégories suivantes.

I – Réserve naturelle intégrale(Ia) /zone de nature sauvage(Ib) : la réserve naturelle intégrale   est un   espace protégé géré  principalement à des fins scientifiques et la zone de nature sauvage est un  espace protégé géré principalement à des fins de protection des ressources sauvages.

II – Parc territorial : espace protégé géré principalement dans le but de protéger les écosystèmes et à des fins récréatives.

III – Monument naturel : espace protégé géré principalement dans le but de préserver des éléments naturels particuliers.

IV – Aire de gestion des habitats ou des espèces : espace protégé géré principalement à des fins de conservation des habitats et des espèces, avec intervention dirigée au niveau de la gestion.

V – Paysage protégé : espace protégé géré principalement dans le but d’assurer la conservation de paysage et /ou à des fins récréatives.

VI – Aire protégée de ressources naturelles gérées : espace protégé géré principalement à des fins d’utilisation durable des écosystèmes naturels.

Chaque catégorie de classement correspond à des objectifs de gestion bien particulières, détaillées ci-dessous :

Objectif de gestion Ia Ib II III IV V VI
Protection des espèces en danger, rares, vulnérables ou d’intérêt particulier 2 1 2 3 3 2
Préservation des espèces et de la diversité génétique 1 2 1 1 1 2 1
Maintien des fonctions écologiques 2 1 1 1 2 1
Protection d’éléments naturels / culturels particuliers 2 1 3 1 3
Tourisme et loisirs 2 1 1 3 1 3
Éducation 2 2 2 2 3
Utilisation durable des ressources/écosystèmes naturels 3 3 2 2 1
Préservation de particularités culturelles /traditionnelles 1 2
Recherche scientifique 1 3 2 2 2 2 3

1: objectif principal 2: objectif secondaire 3: objectif potentiellement réalisables – : Non réalisable


Outre le plan de délimitation de l’espace naturel à classer, l’acte de classement détermine la catégorie de classement dans laquelle il est prévu de classer l’espace naturel protégé. Il fixe le ou les objectifs de gestion de l’espace naturel à classer.

Il peut fixer également une liste de sujétions et d’interdictions nécessaires à la protection de l’espace naturel protégé. Il peut prévoir des dérogations à des fins d’études scientifiques, de gestion, de suivi et de valorisation de l’espace naturel protégé.

Dans le respect des objectifs de gestion fixés par l’acte de classement, les personnes physiques ou morales ou la structure chargées de la gestion de l’espace naturel protégé, sont chargées de la mise en œuvre opérationnelle des mesures et actions définies par le plan de gestion. Elles sont consultées sur l’élaboration et la révision du plan de gestion de l’espace naturel protégé.

Le code de l’environnement prévoit des sanctions en cas de non respect des prescriptions relatives aux sites classés.

  • LP. 2300-6 : 6 mois d’emprisonnement et 1.000.000 F cfp d’amende pour le non respect de prescriptions ou interdictions relatives aux espaces naturels classés (LP. 2111-5; LP. 2111-6; LP. 2111-7; LP. 2111-10 : classements et gestion) de modifier l’état de lieux en instance de classement (LP. 2112-1) ;
  • LP. 2300-7 : amende prévue pour les contraventions de 5ème classe pour les infractions aux articles LP. 2112-1 et LP. 2112-3 et amende prévue pour les contraventions de 3ème classe pour les infractions aux articles LP. 2112-4 (ordures/déchets) ;
  • LP. 2300-8 : Est puni de l’amende prévue pour les contraventions de la 2ème classe le fait, en infraction aux dispositions de l’acte de classement, d’utiliser une chose qui par son bruit, est de nature à troubler le calme et la tranquillité des lieux ;
  • LP. 2300-9 : Est puni de l’amende prévue pour les contraventions de la 3ème classe le fait de contrevenir aux dispositions de l’acte de classement, concernant la circulation du public ;
  • LP. 2300-10 : Est puni de l’amende prévue pour les contraventions de la 5ème classe le fait, en infraction aux dispositions de l’acte de classement et du plan de gestion de l’espace naturel protégé :
    – d’abandonner, déposer, jeter, déverser ou rejeter des ordures, déchets, matériaux ou tout autre objet de quelque nature que ce soit, à l’aide d’un véhicule ou d’une embarcation ;
    – d’emporter en dehors des espaces naturels protégés, de mettre en vente, de vendre ou d’acheter des minéraux ou des fossiles, en provenance de l’espace naturel protégé ;
    – de chasser ou détenir une arme pouvant être utilisée pour la chasse ;
    – de cueillir, collecter, détruire, détenir, colporter, transporter ou commercialiser tout ou partie d’un végétal, quel que soit son stade de développement, en provenance de l’espace naturel protégé ;
    – d’emporter, détruire, détenir, colporter, transporter, commercialiser ou consommer tout ou partie d’un animal ou d’un coquillage, quel que soit son stade de développement, en provenance de l’espace naturel protégé.
  • LP. 2300-11 : Est puni de l’amende prévue pour les contraventions de la 5ème classe le fait de ne pas respecter les dispositions de la décision de classement ou de gestion en espace naturel protégé réglementant ou interdisant la pêche en eau douce, maritime ou sous-marine ou le port des armes ou engins correspondants ou leur détention dans un véhicule ou une embarcation circulant dans l’espace naturel classé.

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